Blackbird
C’est son dernier week-end à elle. Elle a décidé de le passer avec sa famille : son mari, ses filles et les conjoints de celles-ci, son petit-fils et sa meilleure amie, celle avec laquelle elle a partagé sa jeunesse et sa vie.
Pour elle, ce doit être le temps des adieux, heureux et apaisés. Pour eux, c’est le début d’autre chose, un passage… ; quelque chose qui leur est imposé, quelque chose qu’ils doivent respecter.
Pour tous, c’est un entretemps. Ces deux jours passés au bord de la mer, dans une maison douce et lumineuse, sont le temps des cœurs qui battent : des larmes, des rires, des chansons, des élans de tendresse, des secrets révélés, des projets partagés ; le temps pour solder le passé, pour se forger des souvenirs profonds pour le temps qui restera.
Susan Sarandon, Kate Winslet, Mia Wasikowska, Sam Neill sont les acteurs principaux de ce merveilleux film ; le casting complet est une réussite. Roger Michell en est le réalisateur, Christian Torpe le scénariste.
La question de l’interruption volontaire de vie est très intelligemment abordée dans ce film. L’amour pour la vie, de cette femme qui va mourir, est évident. La vie, elle l’a vécue pleinement. Et c’est parce qu’elle aime la vie qu’elle ne veut pas de la survie qui arrivera fatalement, dans quelques semaines ou quelques mois, compte tenu de l’avancement de sa maladie dégénérative. Lily le dit très bien : maintenant qu’elle sait qu’elle va mourir, elle est heureuse car elle n’a plus peur de la souffrance et de la déchéance. Et Paul, son mari, explique à la famille qu’une personne qui fait ce choix de mettre un terme sereinement à sa vie, parce qu’elle est malade, est tout sauf un être irréfléchi, immature et dépressif. Lily est une femme joyeuse, intelligente, belle, spirituelle, qui entend bien être maîtresse de sa fin de vie et de sa mort comme elle a été maîtresse de sa vie.
Bien sûr, on pleure en regardant ce film. On pleure car les émotions sont entières, vraies, incarnées. On pleure car on a du chagrin de perdre Lily. Mais on comprend son geste et on le respecte car il est son choix et que la déchéance en fin de vie, pour elle – comme pour tant d’autres – n’est pas envisageable.
Ce film est un merveilleux film sur la vie, sur l’amour, sur la famille et sur l’amitié.
PhL