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Film

Un beau matin

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Communiqué
10 octobre 2022
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Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps…

Ce film s’inspire de l’expérience de la réalisatrice lors des derniers mois de vie de son père récemment disparu des suites d’une maladie neurodégénérative. Elle dira « Ces derniers moments avec mon père, j’ai détesté les vivre ».
Cette douleur filiale est magnifiquement interprétée par Léa Seydoux (Sandra).
Pascal Greggory est sublime dans le rôle du père.

Le film débute sur une scène d’un réalisme puissant sur la perte d’autonomie de Georg qui ne sait plus ouvrir la porte de son appartement pour accueillir sa fille. Nous vivons l’évolution de la maladie et les décisions familiales difficiles à prendre pour un être cher à qui on souhaite le meilleur confort et le plus d’attention de la part d’un personnel soignant.

S’ensuit la description de plusieurs Ephad privés ou d’état visités par la famille, certaines froides, les chambres nues, des terrasses communes grises et bétonnées, déshumanisées. Les vieillards seuls sur leur fauteuil les yeux dans le vague. « Heureusement que notre père ne voit plus clair »…

Enfin un lit dans un Ephad correct se libère et la directrice semble « très pressée de l’exploiter ».

Nous assistons plus loin à une scène très forte entre la fille et son père. Ce dernier exprime avec ses mots le souhait de partir. « Je serais heureux de dormir, que tu m’aides à m’endormir. »
La réalisatrice emploie une délicate manière de dire le désir, peut-être, de mourir.

La vie de Sandra est partagée entre sa petite fille (charmante et attachante) et ses retrouvailles avec un vieil ami, Clément (Melvil Poupaud), qui devient son amant. Leurs parenthèses amoureuses seront une bouée de sauvetage dans ce parcours de combattant.

Léa Seydoux est poignante dans une scène où, dans la nuit, elle hurle sa douleur en suppliant son amant de lui faire une promesse « Jure-moi que tu me feras euthanasier si je devenais comme mon père ». Il lui promet et lui demande de lui faire la même promesse.

Vous aimerez ce film. Avec une grande sensibilité mais sans pathos, avec une grande pudeur il traite du sentiment d’impuissance, du deuil des vivants, de la dignité des séniors.

CD

En salle le 5 octobre 2022 / 1h 52min / Drame, Romance
De Mia Hansen-Løve
Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud, Nicole Garcia