La dernière vague - Charles Biétry

Ce très beau récit de mémoires de Charles Biétry est bercé par les vagues bretonnes – vingt-six vagues structurent ce récit - et est aussi placé sous l’égide du philosophe Alain et de ses Propos sur le bonheur. C’est tout d’abord une magnifique ode à la vie. Journaliste sportif français, né en 1943, reporter pendant dix-huit ans à l’AFP puis directeur des sports pendant seize ans à Canal+, directeur de la chaîne beIn Sport…, Charles Biétry a connu une vie riche et comblée tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.
Ce livre passionnera tout d’abord les amateurs de sport et de l’histoire du sport : il y est question d’un nombre étonnant d’événements sportifs, depuis les funestes jeux de Munich en 1972, en passant par la fameuse finale de tennis à Wimbledon en 1980 entre Borg et McEnroe, et tant d’autres événements concernant la boxe, le football, le rugby … mais pas vraiment le baseball !
Mais ce livre parle aussi de la maladie, la SLA ou maladie de Charcot en l’occurrence, qui progresse pendant que l’auteur se remémore tous ces événements et c’est donc aussi un plaidoyer en faveur de l’avancée de la législation française sur la fin de vie.
Charles Biétry est frappé par la SLA, diagnostiquée depuis deux ans, mais en fait ses souffrances se sont manifestées pour la première fois il y a huit ans ; « ne plus marcher, ne plus parler, ne plus avaler, ne plus respirer » : tel est l’avenir du malade. Il reconnait prendre un traitement, non autorisé en France, basé sur une étude, baptisée Mirocals, traitement qui peut prolonger la vie un certain temps. Il rédige ses directives anticipées : elles « sont la première digue psychologique à faire sauter. Il faut accepter l’idée qu’on n’est pas éternel… »
La solution du suicide en Suisse est programmée mais à regret.
Au printemps 2024, il reçoit comme un cadeau le projet d’aide à mourir du président de la République : c’est l’objet d’une tribune publiée dans l’Equipe et reprise ensuite dans Quotidien qu’il conclut ainsi : « c’est un petit pas pour l’humanité et un grand pas pour la dignité ». Il suit passionnément les débats à l’Assemblée nationale sur la loi de fin de vie mais est affligé de voir la faible participation des députés et la surabondance d’amendements déposés. Puis le 9 juin 2024, la dissolution … et pour lui « le spectre du voyage en Suisse pour une mort assistée revient devant mes yeux. Je ne le souhaitais pas pourtant… ».
C.S.