L’euthanasie - Comment respecte-t-on le mieux la vie ? - Pierre-Jean Ruff
Dans cet essai, Pierre-Jean Ruff met en question l’euthanasie – littéralement le « bien mourir » – en conjuguant ses connaissances philosophiques et théologiques avec son expérience d’écoutant, de pasteur en particulier. C‘est dire s’il approche son lecteur avec méthode et nuances, considérant, sans jamais prétendre en faire le tour, la richesse extrême d’une existence humaine aux thèses possiblement contraires selon ses rencontres, ses apprentissages, ses sensibilités, ses réussites, ses désillusions… Et s’il est un terrain propice à nos contradictions, c’est bien celui de notre « mourir », comme il nous le rappelle avec Jean de la Fontaine dans « La mort et le bûcheron » !
Euthanasie : que de représentations, voire de projections en effet ! En cinq chapitres d’une écriture ciselée, aérée, précise, directe, l’auteur adopte une posture de pédagogue-accompagnant qui nous aide à faire le point sur notre propre positionnement.
Que nous soyons croyants ou non, ce positionnement n’est-il pas influencé par un ou plusieurs des livres de la Bible tant ils accompagnent les sociétés humaines depuis des siècles ? Sur quel rapport aux lois, sécularisation ou réactualisation, l’asseyons-nous ? Relève-t-il des « morales en situation » participant à la pensée critique du processus démocratique ou bien des « morales de principe » gardiennes du dogme et de la stabilité ?
Pierre-Jean Ruff, avec délicatesse et respect pour les personnes, quelles que soient leurs croyances ou leurs non-croyances, n’en est pas moins sans concession vis-à-vis des impasses de la pensée dogmatique, qu’elle soit religieuse, éducative ou sanitaire. Ces écueils souvent issus des « morales de principe » : a priori, jugements hâtifs, généralisations abusives et autres appauvrissements voire aliénations de la pensée, il essaye de les déjouer par le questionnement du chercheur sincère, y compris au sein de son Eglise. Pour lui, « Chaque fois qu’on pose les vraies questions, Dieu n’est jamais loin. »
L’impasse actuelle de la loi Leonetti est prise pour exemple qui s’enferme dans des contradictions voire une malhonnêteté intellectuelle notoire.
L’auteur conçoit qu’une loi ne suffira jamais en soi, même si elle est nécessaire, dans la mesure où elle sera systématiquement à adapter, surtout concernant le mourir singulier d’une personne tout aussi singulière ! C’est justement cet esprit de la loi qu’il propose : un cadre juridique solide et nuancé, des termes, règles et critères suffisamment définis, clairs et précis pour pouvoir la mettre en œuvre sereinement, mais collégialement, localement et au cas par cas. Une loi vivante qui puisse vraiment accompagner humainement avant la mort.
C.G
Pierre-Jean Ruff, THÉOLIB 2013
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