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L’Hôpital : allô quoi ? - Claude Chopin

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Communiqué
5 février 2018
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C'est le livre d'un médecin, retraité, chef de service en réanimation jusqu'en 2007. Récit vivant et réfléchi à partir de quelques expériences vécues, probablement un peu arrangées, compilées. L'auteur ne peut se départir de son métier et de ses pratiques d'enseignant, il explique les maladies, leur découverte, leur traitement, tuberculose, poliomyélite et d'autres.

Interne débutant en 1968, il a vu les évolutions de l'hôpital sur 50 ans, en terme de gestion des équipes, des budgets, de dénomination des acteurs du soin (à l'époque on parlait d'infirmières, aides-soignants, agents de salle), dans les calculs de coûts très savants, les coûts de journée, coûts d'objectifs. C'est très documenté, et on entend bien les regrets d'un médecin de devoir travailler de plus en plus avec des administrateurs financiers, et la prise en charge des malades en souffre. HPST, T2A, PMSI, ISA, tous ces sigles inventés pour aller vers une rationalisation de la gestion, quid de l'attention aux patients ?

Et pourtant tous les personnels restent proches des malades et il y a chez l'auteur une grande attention aux « petits personnels » qui œuvrent dans un quotidien de plus en plus difficile, nuit et jour, et qu'il respecte infiniment...

Il est bien sûr confronté à la fin de vie ; en réanimation c'est évident. Il en analyse les difficultés, les aléas. Imperfections et impasses de la loi Leonetti de 2005 sont bien analysées et tant d'hypocrisie autour des fins de vie. Sur quelques cas présentés, les réactions seront différentes, notamment la réaction de l'accompagnant (personne de confiance ?) qui a tant de mal à « laisser partir » son mari, sa femme, alors qu'il ou elle en a exprimé le désir plusieurs fois.

Une longue réflexion sur la sédation terminale, demandée, réclamée, appliquée, mal appliquée, jamais acceptée, selon les services. Très honnête, il statue que les soins dits palliatifs et la sédation terminale ne sont que la version hypocritement dissimulée de l'euthanasie toujours refusée par le législateur, alors que dans nombre de cas le médecin saura parfaitement quand le patient  terminera son périple : « ramener le problème à une vitesse de perfusion des drogues sédatives est un peu simpliste ».

Une longue digression riche d'informations pour le profane sur l'arrêt des soins ou des thérapeutiques actives (LATA), complexité garantie : arrêter les soins en sachant que cela va activer la fin de vie, mais ne pas agir volontairement pour activer cette fin de vie, c'est le dilemme du médecin, dont il montre aussi qu'actuellement il oscille entre la famille (qui demande toujours plus de soins, « faites tout votre possible, docteur ») et parfois la demande du patient de tout arrêter (notons qu'il est en activité avant le vote de la loi de 2016). Tant que la volonté clairement explicitée du patient (dans ses DA) n'est pas clairement reconnue, les ambigüités, les convictions personnelles ne vont-elles pas peser sur les décisions de chacun ?

On appréciera, ou pas, le dernier chapitre, une « utopie » qui se veut humoristique, que d'aucuns jugeront trop cynique. En 2030, alors qu'en France la loi n'a toujours pas autorisé l'euthanasie ou le suicide assisté, sous la pression des lobbys traditionalistes, finir sa vie assisté est devenu une quasi visite touristique dans d'autres pays et l'auteur s'y prête. Il n'ira pas jusqu'au bout.

CB.

Aux éditions Broché