Mourir dans la dignité ; Plaidoyer pour la dernière des libertés - Jonathan Denis
Ce livre reflète la personnalité de l’auteur par sa générosité, son intelligence profonde, son analyse mais surtout par sa volonté d’unir autour de ce sujet qui lui tient tant à cœur tout une chorale foisonnante de multiples voix adhérentes ou non à notre association.
Un chœur cœur car ce livre est un cri d’amour pour l’humanité, un appel au respect de l’Homme dans ses choix, dans son intime.
Jonathan nous livre sa réflexion sur la situation en France concernant la fin de vie et unit à cette réflexion un recueil de témoignages de personnalités de différents domaines professionnels ou associatifs.
Tous s’élèvent contre l’incohérence de notre pays à ne pas avancer sereinement vers une loi que les Français applaudiraient avec un immense soulagement.
Il constate la lenteur de mise en place des lois successives concernant la fin de vie, comme par exemple celle de 1999 visant à garantir l’accès universel aux soins palliatifs. 25 ans plus tard où en sommes-nous ?
Il nous rappelle la trahison de François Hollande qui avait promis dans la proposition 21 de son programme une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». « Vous, Président, vous auriez pu ne pas trahir cette promesse du candidat à l’élection présidentielle de 2012. Nous le regrettons d’autant plus que vous aviez l’Assemblée nationale et le Sénat avec vous. ». Encore douze ans d’attente depuis, une éternité !
Jonathan a organisé son livre autour des trois thèmes majeurs que représente la devise de notre République : Liberté, Égalité et Fraternité. Il y a ajouté la Laïcité qui garantit la liberté de conscience.
Qu’entendons-nous par Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité concernant la fin de vie ? Chaque chapitre développe le sens des mots dans ce qu’il devrait être et par contraste sa réalité concrète aujourd’hui lorsqu’il s’agit d’accompagner un être au terme de sa vie qui demande à mourir. Tous les témoins sur le terrain qui ont participé à ce livre démontrent Ô combien comme ces mots sont galvaudés dans notre France.
Ce refus de respecter le choix des citoyens entraine et entraînera de plus en plus de désobéissance civile par amour et respect de son prochain. Car la situation devient insoutenable.
Jonathan parle de la fin de vie de son père, de sa complicité avec cet homme qu’il aimait par-dessus tout, qui souhaitait cesser de souffrir et qu’il a aidé à mourir selon ses souhaits, au dehors de la loi française. Je pourrais aussi vous parler de la fin de vie de ma mère qui s’est organisée de la même façon, en toute clandestinité, en cachette, en silence. Ajouter le silence à la peine. Noëlle Châtelet, présidente du comité d’honneur de l’ADMD, elle, a rompu le silence autour de la fin de vie clandestine de sa mère par l’écriture.
Mais aujourd’hui Jonathan ne veut plus être silencieux, car la promesse qu’il s’est faite un jour et que nous nous faisons tous, c’est qu’il faut « nous battre, ensemble, de toutes nos forces pour faire voter, le plus rapidement possible, une grande loi de Liberté, d’Egalité, de Fraternité et de Laïcité. Et que « jamais nous ne trahirons celles et ceux qui le demandent ». « Notre bataille n’a pas un but égoïste mais fraternel. »
Je vais terminer avec un passage de la superbe préface de Noëlle Châtelet qui nous donne de l’espoir « De toutes les batailles, menées et gagnées, que Jonathan décline, nous en sommes à la dernière, cette fois. Elle est à portée de main. Tout près. Si près…. Oui, une loi bien encadrée qui ne laisse personne sur le bord du chemin – malades, mourants, familles et proches compris – est raisonnablement possible aujourd’hui. »
Vous l’aurez compris, je vous conseille vivement la lecture de ce plaidoyer, empathique, riche d’informations et de réflexions humanistes, dont la plume est plaisante à lire.
Je remercie Jonathan pour cette belle démarche réchauffante, qui fait que nous nous sentons moins seuls puisqu’unis par un projet commun qui est de nous battre jusqu’au bout. Hauts les cœurs !
Catherine Daquin
Publié au cherche midi le 28 mars 2024.
(Les droits d'auteur seront intégralement reversés à l'ADMD qui les utilisera pour porter sa revendication d'une loi de liberté en fin de vie.)