Penser la fin de vie - Régis Aubry
Régis Aubry est chef de l’unité de médecine gériatrique et du département de médecine palliative à l’Hôpital Universitaire de Besançon et membre du Comité national d’éthique français (CCNE).
L’auteur explique que le but de son ouvrage est de rendre accessible à tous la complexité des questions relatives à la fin de vie et à la mort, de façon à permettre au lecteur de se préparer au probable nouveau débat public et à l’évolution du droit qui se préparent sur ces sujets ; il souhaite également que « ce livre soit une aide au cheminement de tout un chacun concernant sa propre finitude ».
Il part du principe que les lieux communs et les idées reçues sont très fréquents sur ces questions ; il tente d’en déconstruire vingt et une, dont l’euthanasie, l’assistance au suicide, la sédation profonde, les directives anticipées, les soins palliatifs.
A noter que son exposé sur les soins palliatifs est détaillé et instructif en ce qui concerne leur organisation et il fait un point précis sur l’arrêt des traitements, y compris la nutrition et l’hydratation, et sur ce que sont en apparence et en réalité les souffrances de l’agonie (tout en ayant l’air de dire que les proches qui y assistent projettent leur propre souffrance).
Il faut lui reconnaître cette qualité : ses exposés sont très complets, il va jusqu’à envisager les avancées à venir de la médecine, de la médecine dite « régénératrice » jusqu’au clonage ; un autre point très positif est qu’il met l’accent sur l’attention à apporter au patient, et il envisage une évolution du système médical permettant plus de présence et plus d’écoute de la part des soignants permettant un véritable accompagnement du patient en détresse.
Mais les angles de discussion apparaissent toujours sur les mêmes points.
Alors qu’il croit percevoir des avancées dans la loi de 2016 et souligne, à juste titre, l’importance des directives anticipées et de la personne de confiance, il est toujours opposé à l’euthanasie, par crainte que la demande n’ait pas été suffisamment éclairée, que la personne ait été guidée par l’angoisse de la mort, ou par la crainte d’être une charge pour ses proches ; il insiste sur l’importance d’un entretien avec son médecin préalablement à la rédaction des directives anticipées.
Par ailleurs, il craint, lorsqu’il s’agit d’une personne qui a fait ses directives anticipées et qui est atteinte plusieurs années après d’une maladie évolutive comme la maladie d’Alzheimer, que l’on ne puisse pas préjuger de sa réelle volonté.
Dans les prétendues avancées procurées par la loi de 2016, il inclut bien la sédation profonde, mais il donne l’impression qu’elle est couramment pratiquée. Rappelons-lui tout de même qu’un décret du 29 janvier 2010 prévoyait déjà la sédation terminale…
Enfin, il persiste à dire que les soins palliatifs, par la prise en charge de la souffrance, réduisent considérablement les demandes d’euthanasie.
Cependant, ce livre reste intéressant, pour beaucoup de détails qu’il serait trop long d’aborder, pour des considérations philosophiques, pour une approche humaine.
On peut conclure avec cette citation de Montaigne qu’il a mise en tête de son premier chapitre : « Philosopher, c’est apprendre à mourir ».
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Publié en mars 2022 - 12€99
Editions Le Cavalier bleu