Fin de vie : pourquoi associer aide active à mourir et peine de mort est (totalement) absurde…
Dans le débat public actuel sur la légalisation de l’aide active à mourir, certains argumentent en faisant valoir que le droit de donner la mort a été retiré aux juges (abolition de la peine de mort) et que la France – après bien d’autres pays – s’apprête à confier ce même droit aux médecins.
Cela ferait rire s’il s’agissait d’une blague. Mais non. Ces gens-là sont très sérieux et une partie d’entre eux croient même dur comme fer à leur argument.
Alors voilà ce qu’il faut rappeler :
- Un condamné à mort n’est pas en fin de vie ; un patient en fin de vie, si. Précisément.
- Le patient qui bénéficie d’une aide active à mourir demande à mettre fin à sa souffrance, voire à son agonie. Le condamné à mort n’est pas volontaire pour monter à l’échafaud.
- La peine de mort est une sanction, tandis que l’aide active à mourir est un soin.
- Celui qui bénéficie d’une aide active à mourir a souvent suivi un parcours en soins palliatifs quand celui dont la tête est tranchée a fini sa vie enfermé derrière des barreaux pour ne pas échapper à la sanction.
Il n’est sans doute pas nécessaire d’argumenter davantage pour démontrer que tout oppose la peine de mort et l’aide active à mourir. Les deux ne relèvent tout simplement pas de la même essence. La seconde est humaniste, quand la première ne l’est pas.
Il est fort dommage que certaines oppositions à la loi de liberté en fin de vie réclamée par plus de 90 % des Françaises et des Français s’abaissent à énoncer de telles absurdités. Elles auraient été plus audibles en argumentant sur la liberté – légitime – de ne pas faire, plutôt qu’en tentant d’empêcher les autres de faire. Cette faute remet en question leur crédibilité pour les futures discussions et les futurs débats.
Philippe Lohéac
Délégué général de l’ADMD