Euthanasie : «Nous lui avons demandé de l'accompagner dans la mort» - La Nouvelle République
«Nous lui avons demandé de l'accompagner dans la mort» : ce sera le seul témoignage de la fille de l'octogénaire dont le décès à l'hôpital de Lavaur, dans le Tarn, relance le débat sur la fin de vie. Hier soir, la famille de la défunte a refusé de commenter davantage cette affaire. L'anesthésiste qui a injecté, ou fait injecter le produit ayant entraîné la mort de la patiente, est entendue depuis mercredi soir à la brigade de Gaillac, dans le cadre de sa garde à vue, par la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse. Elle devrait être déférée devant un juge d'instruction aujourd'hui. Une infirmière était hier également auditionnée.
Un état désespéré
Les faits remontent à la semaine dernière. Dans la soirée du mercredi 12 décembre, une femme de 81 ans est admise aux urgences du centre hospitalier de Lavaur.
Son état de santé est désespéré. Elle passera la nuit dans ce service avec, à ses côtés, des membres de sa famille. C'est dans la matinée du jeudi que la décision est prise d'abréger l'agonie de la patiente. L'enquête en cours des gendarmes déterminera les responsabilités de chacun. Mais hier, malgré le choc intense parmi le personnel, des langues se sont déliées. Face au désarroi, au chagrin de la famille et à l'état de santé de la patiente, l'anesthésiste, une doctoresse de 68 ans, reconnue pour ses compétences professionnelles, a sédaté la patiente. Une pratique autorisée par la loi Léonetti à la condition qu'elle découle d'une décision collégiale avec l'accord de la famille.
Perturbée par les conditions de cette fin de vie, l'infirmière présente au moment des faits, s'est confiée sur son mal-être à un cadre de santé. Une blouse blanche, qui selon le témoignage de plusieurs de ses collègues est totalement bouleversée par la tournure prise depuis par les évènements.
La direction de l'établissement a été informée par l'anesthésiste de son geste, cette dernière sachant pertinemment que son acte serait connu. Sébastien Massip, le directeur de l'hôpital de Lavaur, a saisi la justice. De nombreux points restent encore à éclaircir : quelle est la nature du produit injecté ? Qui a tenu la seringue ? Pourquoi cette décision individuelle ?
Situation de crise
Hier, à Lavaur, cette affaire a bouleversé la communauté hospitalière, mais également les habitants. Fierté de la ville, cet hôpital, grâce à un partenariat avec le CHU de Toulouse, est un pôle de référence dans le Tarn Ouest. Ils sont rares ceux qui souhaitent s'exprimer publiquement sur cet évènement.
Pour certains, c'est de la pudeur face à un sujet qui interpelle intimement, de la compassion pour d'autres qui retiennent un geste qui met fin aux souffrances, de l'incompréhension enfin pour ceux qui regrettent que la médiatisation de cette affaire jette le discrédit sur leur hôpital.
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