Fin de vie. A l’Assemblée, premiers pas vers «une fin de vie libre et choisie» - Libération
«C’est une première grande victoire pour le droit à notre ultime liberté.» Ce jeudi matin, sur ses réseaux sociaux, Olivier Falorni ne cachait ni «sa fierté», ni «son émotion», ni «sa gratitude». La veille au soir, la proposition de loi du groupe «Libertés et territoires» sur la fin de vie, que le député de Charente-Maritime porte avec Jeanine Dubié (PRG), Sylvia Pinel (PRG) et Stéphane Claireaux (LREM), a passé sans encombre la première étape des discussions à l’Assemblée nationale en étant approuvée en commission spéciale. Après six heures de débats «respectueux» et malgré les réticences de l’exécutif à vouloir légiférer dans ce dossier.
Le texte, censé autoriser «l’aide active à mourir» pour les personnes souffrant d’une maladie incurable, doit désormais être examiné avant d’être éventuellement approuvé la semaine prochain par les députés pour poursuivre sa destinée législative. Mais ce premier feu vert réjouit déjà les partisans de la légalisation du «droit à mourir». «Pour la première fois de son histoire, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale adopte une assistance active à mourir, s’est par exemple félicité sur Twitter Jean-Luc Romero-Michel, le président de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). Soutenons les députés pour que le 8 avril, la France ait enfin une loi d’ultime liberté !»
Sortir de l’«hypocrisie»
Car la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté avance en Europe (cela vient d’être voté en Espagne ce mois de mars) et, voilà le gouvernement pressé, y compris par la majorité présidentielle, de sortir de l’immobilisme. Au total, quatre propositions de loi au total sont en effet dans les cartons du Parlement, dont un texte du député LREM du Rhône Jean-Louis Touraine signé par 150 parlementaires. Mais avec un objectif partagé : sortir de l’«hypocrisie» de la législation actuelle sur la fin de vie qui oblige notamment les personnes à partir en «exil» en Belgique ou en Suisse, à l’instar de l’ex-secrétaire d’Etat socialiste Paulette Guinchard, pour avoir recours au suicide assisté.
En créant une «aide active» à mourir, la proposition d’Olivier Falorni va bien plus loin que la «sédation profonde et continue jusqu’au décès» pour des personnes dont le pronostic vital est engagé «à court terme» permise par la mal connue et appliquée loi Claeys-Leonetti de 2016. Elle prévoit néanmoins une liberté de conscience pour les médecins qui ne souhaiteraient pas fournir cette aide médicalisée, garantit le consentement des malades et encadre la place des familles dans l’exercice de ce nouveau droit pour les personnes en fin de vie.
Reste à savoir si le gouvernement compte changer de fusil d’épaule. Devant le Sénat début mars, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait en tout cas affirmé que «le principal enjeu n’est pas tant de faire évoluer que de faire connaître» les dispositions actuelles sur la fin de vie et les soins palliatifs. Il avait alors annoncé «un nouveau plan national de développement des soins palliatifs et d’accompagnement de la fin de vie».