Fin de vie : "Une grande loi républicaine qui doit être votée le plus vite possible." - Sud Ouest
Il a été le premier à déposer une proposition de loi sous la nouvelle législature. Olivier Falorni, député de Charente-Maritime réélu à La Rochelle, est déterminé à remettre sur la table son texte « sur l'accompagnement des malades et la fin de vie ». Il appelle à faire de ce sujet l'une des priorités à l'Assemblée nationale.
Entretien.
Le soir de la dissolution, avez-vous tout de suite pensé à l'abandon des débats sur la fin de vie ?
C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Il était 21 heures le dimanche [9 juin, NDLR], ma valise était prête pour prendre le train le lundi à 5 heures du matin, parce que les débats devaient reprendre. C'est dur de voir une loi pour laquelle on a tant travaillé s'arrêter brutalement.
Allez-vous donc devoir repartir à zéro ?
Non, parce que la proposition de loi reprend le texte voté par la commission et tous les amendements adoptés en séance. Par contre, on est obligé de repartir du début. L'étude du texte ne reprendra pas à l'article 7.
Êtes-vous confiant ?
Oui, il peut y avoir une majorité conséquente autour de ce texte. J'ai aussi le soutien de la présidente de l'Assemblée nationale. Ce serait vraiment une faute politique, en plus d'une faute sociétale, que ce texte ne soit pas à nouveau inscrit à l'ordre du jour.
Pourquoi une faute politique ?
Si j'étais premier ministre, je me demanderais comment faire voter une grande loi d'importance dans l'année qui vient. Et ce texte sera probablement l'un des seuls votable sans 49/3, et sans risque de motion de censure.
Comment l'expliquez-vous ?
Il n'y a pas d'opposition de principe d'un groupe politique car il n'y a pas de consignes de vote sur le sujet.
C'est donc une des rares lois qui échappera au piège des postures politiciennes. Dans la configuration qui s'annonce où l'assemblée risque d'être paralysée avec des affrontements bloc contre bloc, ce sujet permettrait d'avoir enfin des débats à la hauteur. Ce qui a d'ailleurs été le cas avant la dissolution.
Pourquoi parlez-vous aussi d'une faute sociétale si le texte n'était pas remis à l'ordre du jour ?
Selon moi, c'est un des grands sujets de société de notre temps en France. Comme la légalisation de l'IVG, votée en 1974. Les situations révèlent des parallèles assez troublants : pratiques clandestines, exils à l'étranger... Les femmes luttaient pour le droit à disposer de leur corps, aujourd'hui les Français demandent le droit à disposer de leur mort. Ce texte est très attendu par les citoyens.
Pourtant, on pourrait penser que c'est un sujet clivant...
C'est ce qu'on m'a dit pendant des années. La réalité nous montre que c'est l'inverse, c'est un faux paradoxe. Il n'y a pas un consensus absolu, bien sûr. Mais j'estime que le sujet est arrivé suffisamment à maturité et que ce texte est sans doute la grande loi républicaine qui doit être votée le plus rapidement possible.
Par Solène Alifat