L’Autriche va devoir légaliser le suicide assisté avant 2022 - La Tribune de Genève
L’Autriche viole la loi fondamentale en faisant du suicide assisté une infraction pénale, a jugé vendredi la Cour constitutionnelle, qui ordonne au gouvernement de légiférer pour lever l’interdiction d’ici à la fin de l’année prochaine.
«La décision de se suicider en pleine conscience doit être respectée par le législateur», a déclaré devant des journalistes le président de la Cour Christoph Grabenwarter, précisant que l’abrogation prendra effet le 31 décembre 2021. Pour éviter des dérives, il est cependant nécessaire de s’assurer qu’elle est «prise librement, en dehors de toute influence», a ajouté le juge.
La plus haute instance judiciaire avait été saisie par plusieurs personnes concernées, dont un médecin et deux personnes atteintes de maladies incurables. Dans ce pays d’Europe centrale catholique, l’aide au suicide est sanctionnée par une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Un «juste équilibre»
Le gouvernement de coalition réunissant les conservateurs et les Verts avait plaidé un maintien de la législation en évoquant «les abus potentiels» d’un régime libéralisé de suicide assisté. Il affirmait aussi qu’un «juste équilibre» était maintenu, les personnes en fin de vie pouvant refuser l’acharnement thérapeutique.
Les requérants, en revanche, considéraient que l’interdiction du suicide assisté, fondé sur des considérations chrétiennes, violait le droit à la liberté religieuse. Les pratiques sont très disparates en Europe: l’euthanasie est légale aux Pays-Bas et en Belgique, tandis que des pays à forte tradition catholique comme l’Irlande ou la Pologne restent réfractaires à toute aide à la mort.