Le Parlement portugais autorise l’euthanasie - Libération
L’euthanasie au Portugal ? C’est pour très bientôt. Ce vendredi en début d’après-midi, la très grande majorité des députés portugais (136 pour, 78 contre) a voté en faveur d’un texte de loi autorisant «la mort médicalement assistée». Il doit désormais être ratifié par le président conservateur fraîchement réélu, Marcelo Rebelo de Sousa. Resté jusqu’à présent très évasif sur le sujet, ce fervent catholique pourrait y mettre son veto (qui serait toutefois annulé par un deuxième vote des députés) ou saisir la Cour constitutionnelle. Le chef de l’Etat a néanmoins assuré qu’il mettrait ses opinions personnelles de côté une fois qu’il aurait «le texte entre les mains», sans pour autant en dire plus.
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Soutenue par une grande majorité de la gauche et des écologistes, cette loi était à l’étude depuis de nombreux mois. Le texte final, rendu public en début de semaine, prévoit que l’euthanasie ne sera plus punie si elle est pratiquée ou aidée par des professionnels de santé, et que la demande vient d'«une personne majeure, en situation de souffrance extrême, qui présente des lésions définitives et d’une gravité extrême, ou une maladie incurable». Cette possibilité sera réservée aux «citoyens nationaux résidant légalement sur le territoire national» ne souffrant pas de maladie mentale. Il sera donc impossible pour une personne qui n’a pas la nationalité portugaise de bénéficier de cette future loi. Par ailleurs, le texte prévoit une objection de conscience permettant aux médecins de refuser de donner la mort à un patient.
Jusqu’aux derniers instants avant le vote du Parlement, les opposants ont tenté de faire entendre leur voix, espérant que les députés rejettent le texte comme en 2018. Dans une ultime tentative désespérée, la Fédération pour la vie a demandé aux élus de s’opposer à une loi qui «serait particulièrement choquante alors que toutes les cinq minutes un Portugais meurt du Covid-19» : «Le pays ne comprendrait pas qu’alors que la société lutte pour la vie, les députés votent pour la mort.» Submergé par la pandémie depuis plusieurs semaines, le Portugal est devenu l’un des pays où le virus est le plus meurtrier. Le gouvernement a été contraint d’imposer un confinement strict et de fermer les écoles.
L’argumentation prônée par l’organisation catholique a fait écho jusqu’aux bancs de l’Assemblée nationale. Le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), dont Marcelo Rebelo de Sousa est issu, avait demandé jeudi un report du vote «de quelques semaines», beaucoup de citoyens étant «dans une situation de grande inquiétude» pour «tout ce qui a à voir avec les questions de la vie et de la mort». En vain, puisque le vote a bien eu lieu ce vendredi, conformément au souhait de la majorité des Portugais qui espéraient que la mort médicalement assistée soit autorisée.
Avec cette nouvelle loi, et à condition que le Président la ratifie, le Portugal deviendra le quatrième pays de l’Union européenne à légaliser l’euthanasie, après la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il devrait être rejoint dans les prochaines semaines par l’Espagne, dont les députés ont voté en décembre un projet de loi reconnaissant le droit à l’euthanasie sous de strictes conditions. Il doit désormais être examiné par le Sénat.
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