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Le président du Forum européen de bioéthique, s'interroge sur l'aspect "cruel", selon lui, de la loi Claeys-Leonetti - France Info

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Publié le
12 juillet 2019
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"Il faut pouvoir mourir dans la liberté", a déclaré jeudi 11 juillet sur franceinfo le professeur Israël Nisand, président du Forum européen de bioéthique, après l’annonce de la mort de Vincent Lambert par sa famille. "Où est la valeur morale de faire mourir lentement au lieu (...) d'une mort rapide ?", s'interroge-t-il. La loi Claeys-Leonetti de 2016 interdit en effet l'euthanasie et le suicide assisté mais autorise l'arrêt des traitements en cas "d'obstination déraisonnable" et prévoit une "sédation profonde et continue jusqu'au décès". "On est dans l’hypocrisie la plus totale", estime Israël Nisand.

franceinfo : Quelle trace la mort de Vincent Lambert va-t-elle laisser ?

Israël Nisand : Elle laisse la trace d’une souffrance infinie, de la famille qui s’est déchirée de manière terrible, elle laisse la trace d’une souffrance pour Vincent Lambert car personne n’aurait envie de rester dix ans dans une incapacité de communiquer et de dire quoi que ce soit, ni de percevoir quoi que ce soit. Cela a un arrière-goût un peu difficile de sentir que les structures et les lois dont nous disposons dans notre pays peuvent conduire à un fiasco.

Le cadre d’aujourd’hui ne suffit plus ?

D’abord, les directives anticipées sont très peu utilisées par les Français. Je crois que c’est difficile d’écrire ce qu’on voudrait pour soi-même. Je crois qu'il n’y a pas de valeur morale ajoutée à faire en sorte que la mort se produise vite ou lentement. En l’occurrence, les choix médicaux qui restaient avec la loi Claeys-Leonetti, c’était de supprimer les boissons et l’alimentation. Très franchement je trouve cela cruel. Personne n’a envie de mourir de soif et de faim. Il y avait une sédation profonde mais qui sait ce que Vincent Lambert pouvait percevoir. Je ne vois pas l’avantage moral à mourir lentement par rapport à mourir vite. A partir du moment où on estime qu’on se trouve dans de l’acharnement thérapeutique, il me semble légitime de dire aux Français qu’ils peuvent avoir la liberté. Il faut pouvoir mourir dans la liberté.

Les médecins précisent que son état neurologique faisait qu'il ne ressentait ni la faim, ni la soif, et que sa mort est due une défaillance des organes et à une insuffisance rénale. Vous trouvez cela cruel de suspendre l’alimentation et les boissons ?

Je trouve ça très hypocrite. Faire mourir d’insuffisance rénale au lieu de faire mourir d’une anesthésie générale, franchement, où est la différence ? Où est la valeur morale de faire mourir lentement quelqu’un au lieu de mettre au service de cette personne les moyens habituels dont on dispose pour que la mort soit rapide ? On est dans l’hypocrisie la plus totale.

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