Le PV de 135 € annulé pour la mamie du Tarn qui avait salué son mari à la fenêtre de son Ehpad - La Dépêche
« La verbalisation n’était pas justifiée ; elle n’a pas été retenue et va être annulée. Le colonel de la gendarmerie du Tarn a appelé la famille et s’est excusé ». En lien avec le Parquet, Catherine Ferrier, préfète du Tarn, a souhaité, ce mercredi, endiguer le flot d’indignation déversé, depuis jeudi, bien au-delà du Tarn.
Ce jour-là, deux gendarmes avaient verbalisé Helwig, 79 ans, pour avoir « stationné », à pied, devant la fenêtre de la chambre de Jean-Jacques, 93 ans, son époux, résident à l’Ehpad Pré Millet de Graulhet.
Une visite qu’elle accomplissait tous les jours pendant quelques minutes, depuis que le confinement lui interdit de pénétrer dans l’établissement. Pour Hedwig, c’est un soulagement.
« Ça va mieux parce que la semaine dernière, ça m’a fait un choc. L’amende ne m’a pas fait plaisir parce que je ne roule pas sur l’or mais pour moi, le principal, c’est de continuer à voir mon mari. »
Ce mercredi, la préfète a expliqué que « c’est le contexte de cette maison de retraite qui a fait que les gendarmes ont pris une mesure qui s’est avérée manquer de discernement… on est sur des gestes et des signes d’affection… Il n’y avait aucun risque, on le comprend » a reconnu la préfète, non sans évoquer la présence répétée de plusieurs promeneurs autour de l’établissement.
«D’autres pensionnaires peuvent ouvrir leur fenêtre. Alors comment fait-on ? » s’interroge Catherine Ferrier. Une question que n’ont pas manqué de lui poser les responsables de la gendarmerie.
« En liaison avec le directeur de l’établissement, nous continuerons à veiller à ce qu’aucune fenêtre ne s’ouvre pour ne pas risquer la contamination » a conclu la préfète, en conseillant à Hedwig de prévenir la gendarmerie avant de renouveler son stationnement.
« Ce rendez-vous quotidien est un besoin, pour elle et pour lui » insiste Mariani, qui ne doute pas que sa mère, bien loin de toute idée de provocation, revienne sur ses pas. « Depuis jeudi, elle n’a eu mon père qu’une fois, au téléphone… On doit trouver une solution pour maintenir ce lien. »
Mercredi, c’est Claude Fita, le maire de Graulhet, qui a tenu à apporter son soutien à la famille. « Cette verbalisation est une erreur regrettable. Aujourd’hui, il faut trouver d’autres solutions, sécurisées mais accessibles à tous, pour que nos aînés puissent retrouver le contact. »
Des solutions sont déjà expérimentées, notamment en Bretagne, avec la mise en place, dans les Ehpad, de pièces accessibles depuis l’extérieur permettant aux familles de se voir.
« Le contact visuel est extrêmement important. On va essayer d’organiser ça sur l’ensemble des Ehpad de Gaillac et Graulhet » expliquait hier soir Serge Foursans, directeur des établissements hospitaliers d’Albi, Gaillac et Graulhet. De quoi réconforter un peu Hedwig. «J’espère que ça servira un peu à tout le monde. Parce que si on les laisse encore longtemps sans leur famille, toutes ces personnes âgées vont se sentir abandonnées. »