Nos héros de 2017 : le dernier combat d'Anne Bert - Le Parisien
Condamnée par la maladie, Anne Bert a « décidé de devancer l'horreur et la mort ». Atteinte de la maladie de Charcot, un mal neurologique incurable, cette romancière de 59 ans a été euthanasiée en Belgique le 2 octobre. Ses dernières forces, Anne Bert les a consacrées à témoigner, avec l'espoir « d'ouvrir enfin le débat » sur la fin de vie. Sa lettre ouverte adressée aux candidats à l'élection présidentielle a suscité un écho considérable durant la campagne. « Ce qui interpelle, c'est que je suis encore debout », jugeait cette femme affable et souriante, diagnostiquée en 2015. En s'exposant ainsi, Anne Bert souhaitait imposer l'euthanasie dans la sphère publique et dénoncer des candidats frileux » face au « tabou de la mort ».
Le choix de « mourir en paix »
L'écrivaine, installée en Charente-Maritime, s'était fixé une limite, celle de ne plus pouvoir se nourrir seule. L'échéance est arrivée à la fin de l'été. Avant d'entamer un ultime voyage vers la Belgique -- l'un des rares pays européens à autoriser et à encadrer l'euthanasie, Anne Bert a écrit un ouvrage paru après sa mort*. Elle y défend une « ultime liberté », celle de choisir de « mourir en paix, avant d'être torturée ». Elle y évoque aussi ses « passeurs », les médecins belges qui ont accepté de « soigner son âme ». Sa colère, Anne Bert la réservait seulement à la loi française, jugée « hypocrite » -- la France proscrit seulement l'acharnement thérapeutique. La romancière en était persuadée : « une loi pour tous les Français » sera adoptée avant la fin du mandat présidentiel.