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Fin de vie : "Pour moi, il est impensable que quelqu’un d’autre puisse décider de ma mort."

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Publié le
23 juin 2022
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Crédit photo : Franck Duquenoy

 

L’ADMD REVENDIQUE UNE LOI DE LIBERTÉ EN FIN DE VIE. QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR VOUS ?

Pour moi, il est impensable que quelqu’un d’autre puisse décider de ma mort. La question n’est pas secondaire. Je pense toujours avec Albert Camus que pour l’homme :« [il] n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. » Vivre, c’est refuser de se tuer. Mais ce droit ne peut se réduire à la possibilité de se jeter sous le TGV, il implique la mise à disposition d’une mort paisible que permet la science moderne. Mais la technique ne suffit pas. Il faut toute une organisation sociale. L’exemple de pays voisins qui ont légalisé l’euthanasie et le suicide assisté depuis des décennies prouve qu’une telle institution est tout à fait possible en France. La seule anomalie est qu’elle n’existe pas.


POURQUOI, SELON VOUS, Y A-T-IL UN BLOCAGE CHEZ NOS GOUVERNANTS SUR CE SUJET ?

Le blocage est évident entre des Français qui, sondage après sondage, réclament à la quasi-unanimité, la liberté de choisir sa mort. Ce sont des corps constitués incarnant le pouvoir religieux ou le pouvoir médical qui paralysent le pouvoir. Ce qui n’empêche nullement des croyants et des médecins de vouloir cette ultime liberté.


VOUS ÊTES MEMBRE DU COMITÉ D’HONNEUR DE L’ADMD DEPUIS DE TRÈS NOMBREUSES ANNÉES. COMMENT VOYEZ-VOUS LE RÔLE DE CE COMITÉ ?

Je suis un solitaire, je fuis les pétitions comme les décorations, je m’exprime dans mes ouvrages et n’appartiens à aucun mouvement, parti, club, comité ou rassemblement. Mais j’ai constaté que les adversaires de cette liberté usent et abusent de la notoriété que leur confère leur position sociale. Comme si les institutions dont ils se réclament devaient cautionner leurs interdits. J’ai donc accepté de rejoindre le comité d’honneur de l’ADMD pour faire contrepoids. La notoriété ne conduit pas à se figer dans l’ordre établi.


JOURNALISTE, SCIENTIFIQUE, ÉCRIVAIN... VOUS ÊTES UN HOMME DES FAITS ET DE LA PENSÉE. COMMENT MILITEZ-VOUS EN FAVEUR DE L’AIDE ACTIVE À MOURIR ?

À chacun ses compétences. Pour moi, ce que je sais faire, c’est construire et émettre des messages, écrits, télévisés ou autres. J’ai donc intégré la lutte pour la mort choisie dans ma pratique journalistique et mes activités connexes.
Je fus ainsi conduit à m’interroger sur la monumentale hypocrisie de notre société sur ce sujet et publiais en 2001
« La dernière liberté ». Livre qui, hélas ! est toujours d’actualité. Je l’ai complété en dénonçant les conditions scandaleuses dans lesquelles avait été préparée la loi Leonetti. Ce fut « Le divorce français » en 2007.
 

VOUS-MÊME, AVEZ-VOUS PRÉPARÉ VOTRE FIN DE VIE ?

On ne consacre pas deux années à une enquête sur la fin de vie sans s’interroger sur sa propre fin de vie. Il m’a été précieux de noyer ma démarche personnelle dans cette recherche générale. Cela permet de dédramatiser, voire de banaliser, son propre devenir. Je vous dirai simplement que depuis cette publication je porte toujours sur moi une lettre à mes médecins pour leur signifier mes volontés pour le cas où je ne serais plus à même de les exprimer de vive voix.

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