Le prétendu sondage biaisé de l'ADMD... Par Danièle et Paul Pierra
(Ce texte n'engage que son auteur)
Lors d'un reportage à « Envoyé spécial », monsieur Alain Garrigou a remis en cause le sondage Ifop sur l'euthanasie commandé par l'ADMD en mars 2017. Monsieur Alain Garrigou est agrégé d'histoire et de sciences politiques. Il est professeur à Sciences Politiques et Directeur de l'observatoire des sondages. Cet éminent intellectuel a fait de la dénonciation de l'opacité et de la malhonnêteté des instituts de sondage, son cheval de bataille. Le 14 avril 2017, dans le cadre de l'émission "envoyé spécial" sur FR2, il dénonce une méthodologie « peu rigoureuse », une sorte de fabrication de l'opinion dans la formulation du sondage sur l'euthanasie de l'IFOP (commandé par l'ADMD, Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité).
- La formulation de l'IFOP est la suivante : "Certaines personnes souffrant de maladies insupportables et incurables, demandent parfois aux médecins, une euthanasie, c'est à dire qu'on mette fin à leur vie sans souffrance. Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables, si elles le demandent". Ce sondage a recueilli 96% d'avis favorables.
- Monsieur Garrigou propose une formulation "plus neutre et honnête", à son avis : "D'après vous, faut-il voter une loi visant à autoriser l'euthanasie ?".
Cette question, sans autres précisions, est :
- Soit dénuée de sens, car l’euthanasie, existe déjà, celle des animaux.
- Soit volontairement réductrice et biaisée. En effet, ce terme d'euthanasie, lâché sans nuances, pour qui ? pour quoi ?
Monsieur Garrigou incarne ainsi, l'art de faire sienne la manipulation qu'il dénonce chez les autres !
Les termes "souffrances", "incurables" et "insupportables", sont des mots clés. La loi Leonetti-Claeys ne permet qu'une sédation profonde et continue jusqu'au décès. Qui connaît la date d'échéance naturelle ? Que faire pour les patients en détresse respiratoire, atteints de la "maladie de Charcot", emmurés vivants ? Quelles réponses apporter aux malades qui n'en peuvent plus des souffrances infligées par un cancer, en phase terminale ? Les patients victimes des progrès de la réanimation comme mon enfant, plongé dans un coma cauchemardesque pendant plus de huit ans, seront légion. Le sort des grands prématurés qui ne peuvent pas vivre et qu'on laisse mourir déshydratés et dénutris, pendant dix à vingt jours, est intolérable. Malgré la dénonciation de cette horreur par le comité d'éthique de "Cochin", rien n'a bougé.
Alors oui, Monsieur Garrigou, les termes choisis dans la formulation de l'IFOP, sont en adéquation avec notre perception du problème sur le terrain. Monsieur le directeur de l'observatoire des sondages convoque ici tous les ressorts du sensationnalisme manipulatoire. Je parviens difficilement, néanmoins, à cerner réellement les motivations d'une telle mauvaise foi...