L'ADMD de la Haute-Vienne a tenu une réunion publique à Guéret - La Montagne
© Christophe Michel
Claudette, elle a 80 ans. La fin de vie, pour tout dire, elle ne s'y intéressait pas plus que ça. Mais, il y a un peu plus d'un an, elle a perdu son mari, a eu d'autres décès dans son entourage plus ou moins proche et « pour une de ces personnes, j'ai estimé qu'il y avait eu un certain acharnement ». Alors, « ça donne à réfléchir. C'est important de pouvoir choisir comment on veut mourir, non ? ». Alors Claudette est venue à la réunion, mercredi, à la mairie de Guéret. Et sans doute qu'elle adhérera à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. Peut-être qu'aussi elle remplira sa directive anticipée (*).
« Toute ma famille est au courant »
Pour Geneviève, 72 ans, c'est déjà fait. Depuis « ouh la la, je ne sais plus. Je devais avoir 25 ans quand j'ai adhéré ». Professionnelle de santé à la retraite, elle a toujours été « intéressée par les problèmes liés à la mort, à ce que cela causait aux familles. Je me suis même spécialisée dans les soins palliatifs. » Alors forcément, sa « DA est déjà remplie. J'en ai parlé - et j'en parle toujours d'ailleurs - à mes enfants, mes petits-enfants. Toute ma famille est au courant. Bon, il y a juste mon mari qui fait un peu la gueule. Il n'aime pas trop parler de ça. La mort, c'est devenu tabou ».
Tabou et c'est bien le problème. Du côté du grand public comme des politiques, difficile de dire et de trancher alors que « c'est une question d'intérêt général et qu'elle concerne 100 % d'entre nous », souligne Christophe Michel, secrétaire général de l'ADMD. Près de quarante ans que cette association milite pour le droit de mourir dans la dignité, c'est dire !
Nouveaux droits ?
Il a fallu attendre 2005 pour qu'une loi relative aux droits des malades et à la fin de vie voie le jour. Et février 2016 pour que de « nouveaux droits » y soient ajoutés. Sauf que, « on parle de nouveaux droits mais il y a très peu de changements, regrette Christophe Michel. C'est la troisième loi Leonetti mais elle ne convient absolument pas. À la sédation palliative, qui existait déjà, on a rajouté qu'elle pouvait être profonde et continue et à la demande du patient. Sauf que, au final, c'est toujours le médecin qui décide. En fait, Leonetti a lui-même reconnu que c'était juste pour mieux expliquer aux médecins : faut-il une loi pour mieux appliquer une loi qui existe déjà ? C'est pareil pour les directives anticipées : dans la nouvelle loi, il est rajouté qu'elles deviennent contraignantes pour le médecin mais sous certaines conditions. Ce n'est pas valable si non vital, non conforme ou inapproprié. Qu'est-ce qui rentre dans le terme d'inapproprié ? Comment cela se gère devant un tribunal ? Finalement, la seule innovation positive, c'est que la directive anticipée est désormais valable à vie. Et la loi s'arrête là ! Dans la réalité, rien n'a changé ».
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