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« On meurt mal en France » : Colette explique son suicide à Rouen dans une lettre - Actu.fr

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Publié le
23 septembre 2019
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« Quand vous recevrez cette lettre, je ne serai plus, car noyée dans la Seine. » Colette R. a pris soin d’adresser un courrier à la rédaction de 76actu avant d’entreprendre son geste fatal, à Rouen (Seine-Maritime). « Avec ce fait-divers de noyade », elle espérait que le débat sur la fin de vie soit relancé. Lundi 23 septembre 2019, trois jours après son suicide, la rédaction a reçu cette lettre.

Une « petite bonne femme » d’1,36 mètre pour 38 kg

Vendredi 21 septembre 2019, vers 22 heures, cette femme âgée de 82 ans s’est jetée dans la Seine, quais de Bois-Guilbert. « Cette petite bonne femme », comme elle se décrivait elle-même, souffrait d’une maladie osseuse depuis sa naissance. « Elle avait perdu beaucoup de densité osseuse. Elle était très fragile. Elle devait peser 38 kg pour 1,36 mètre. Elle souffrait », témoigne sa fille unique.

Un rapport médical datant de 1989 atteste de cette maladie. Colette venait alors d’être hospitalisée au CHU de Rouen :

Elle présente effectivement une maladie de Lobstein comme l’attestent les fractures multiples des os périphériques ayant débuté à la naissance. […] Cette maladie de Lobstein est encore évolutive comme en témoignent des tassements vertébraux récents avec perte de cinq centimètres de hauteur environ ces six derniers mois.

La mort comme « délivrance »

Cette ancienne kinésithérapeute du centre médical de Buddicom à Sotteville-lès-Rouen savait quelles seraient les épreuves à subir dans les années qui lui restaient. « Elle avait déjà fait une lettre de ce type, il y a cinq ans. Nous étions intervenus à temps et elle avait été hospitalisée », précise sa fille. « Cinq ans de souffrance », relate Colette qui ajoute :

Honte à la mentalité française qui ne respecte pas ceux et celles pour qui la mort serait une délivrance et la réclament à cor et à cri.

« On meurt mal en France »

« Maman a vu son mari, mon beau-père malade, se dégrader et mourir. Elle a été terriblement marquée, indique sa fille émue. Quand elle rentrait à l’hôpital, elle savait qu’ils allaient la maintenir. » 

« Ce sont les autres qui décident à votre place. Nous ne sommes pas libres sur le choix de notre mort. » Dans ce courrier de deux pages manuscrites, Colette fait référence à de nombreuses reprises à l’euthanasie : 

Comme le dit Jean-Luc Romero, président de l’association pour le droit de mourir dans la dignité, « on meurt mal en France ». Avec ce faits-divers de noyade, j’aimerais que vous relanciez ce droit de s’éteindre en douceur entouré des siens.

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