Philippe Catteau : "Je n'ai pas tué mon père" - Le Tarn Libre
© Philippe Catteau
C’est une question toujours en suspens, reléguée dans le champ flou et incertain du tabou : mettre fin aux souffrances d’un proche, l’aider à mourir par amour, parce que la vie lui est devenue un supplice. En France qu'il s'agisse de suicide ou d'euthanasie, ce geste est puni par la loi.
Et pourtant la mort à l'hôpital, le corps qui fait de la résistance en dépit de ses souffrances, la mort qui ne vient pas, celle qui demande que la médecine et le législateur s'engagent, tel est le plaidoyer bouleversant de Philippe Catteau dans "Je n'ai pas tué mon père". Il raconte très concrètement ce face-à-face avec la mort de son père en trois scenarii. Ce récit nous touche, nous interpelle.
Certains passages se révèlent aussi difficiles à lire parce qu’ils font fatalement écho à ce que l’on a pu vivre soi-même. Un "petit séisme". De lecteur, on devient acteur. La démarche militante de Philippe Catteau fait mouche, sa bannière "le droit de choisir sa mort" nous obsède. Son récit a valeur d'exemple, même s'il heurte ou bouscule nos certitudes. Entretien avec Philippe Catteau.
Au-delà d'un plaidoyer sur l'euthanasie, ce livre est une formidable déclaration d'amour...
Je suis un peu surpris mais c'est ce que me rapportent la plupart des lecteurs. Pourtant il retrace la fin de vie de mon père. C'est sûrement dû au fait que dans les derniers instants... et, comme on sait que ce sont les derniers, la dimension est autre. Les gestes, les regards, les paroles prennent une ampleur inconnue où dominent l'amour, la communion familiale autour d'une personne en fin de vie, le désir de l'aider à partir dans les meilleures conditions.
"Je souffre donc je suis... Tu parles d'une connerie."
Votre livre décrit le départ de votre père en trois actes (vous lui donnez la mort – il meurt en soins palliatifs – il est euthanasié en Belgique). Prenons le premier acte: l'étouffement...
Le médecin s'en est allé, privé du droit d'administrer une forte dose de morphine, comme cela l'avait été fait pour mes grands-parents. On s'est retrouvés très seuls devant la souffrance de mon père et sans solution. L'angoisse s'est ajoutée à la peine. Ma première idée était de me substituer au médecin et de faire par moi-même.
Comment l'acte de donner la mort peut-il être vécu ?
Comme le plus beau geste d'amour. Mon père m'a toujours appris à agir pour garder de l'emprise. Il fallait agir devant cette souffrance devenue complètement inutile. La première façon d'être actif était de l'entourer. Mais à un moment donné rien ne compense les douleurs croissantes et vous vous dites « je dois l'aider ». Lire la suite sur le site de Le Tarn Libre