Mourir chez soi, un souhait impossible ?
Pourtant, aujourd’hui, seuls 37% des Français décèdent à domicile. Et 76% des Français qui décèdent à l’hôpital, meurent sans leurs proches ; seuls. Parfois, ils ferment les yeux aux urgences ; parfois, dans un couloir d'hôpital... L’amer constat d’une situation qui ne peut que renforcer la détresse et l'effroi des personnes arrivées en fin de vie.
Que se passe-t-il alors en France, quand on sait qu’aux Pays-Bas, pays qui a légalisé l’euthanasie depuis 2001, ce sont près de 80% des Néerlandais qui meurent à domicile ?
En France, notre fin de vie est devenue hyper médicalisée. Les plateaux techniques sont devenus omniprésents et prétendent remplacer l’humain. La médecine hospitalière supplante la médecine de ville. Les généralistes se dissocient de la fin de vie…
Notre société ne se résout pas à la mort – et difficilement à la vieillesse –, les médecins considèrent le décès d’un de leurs patients comme un échec personnel et la foi presque aveugle des patients dans le corps médical – dont la compétence n’est pour autant pas à démontrer – conduit nos concitoyens à se livrer pieds et poings liés à des soignants débordés en abdiquant bien souvent les droits que leur offre la démocratie sanitaire.
Nous avons collectivement une révolution à engager.
Les Néerlandais, les Belges, les Luxembourgeois, les Suisses, et tant d’autres (puisque 166 millions de personnes vivent dans le monde sous le bénéfice d’un dispositif d’aide active à mourir) ont dompté la mort. Non pas qu’elle les réjouisse particulièrement, non pas qu’elle ne leur fasse plus peur, mais ils ont compris qu’elle était inéluctable et qu’il ne servait à rien, lorsque la mort se présente, de se cacher la vérité de l’issue fatale. Aussi, les volontés des personnes en fin de vie, qu’il s’agisse des exigences thérapeutiques – ou de leur suspension – ou du lieu où elles fermeront les yeux pour la toute première fois, sont-elles mieux prises en compte et respectées. Oui, les Néerlandais, les Belges, les luxembourgeois ont le droit de demander à rentrer chez eux pour y vivre leurs derniers instants sans que le corps médical prenne cette demande comme une défiance à son égard.
Le jour où, en France, on acceptera comme naturelle la fin de vie, que cessera toute forme d’acharnement thérapeutique ou palliatif, que les directives anticipées seront devenues opposables et contraignantes, sans réserve, alors les Français pourront, s’ils le souhaitent, retrouver la chaleur de leur foyer, l’amour de leur proche pour finir leur vie et cesseront de mourir seuls dans un univers parfois desinhumanisé.