Message envoyé au congrès des crématistes - Par Alain Fievez, délégué de l’ADMD pour l’Indre-et-Loire
Chers Amis,
Veuillez accepter mes excuses pour mon absence, la situation de distribution de carburant sur mon territoire m’empêche d’être avec vous ce matin.
Adhérents de l’ADMD, nous partageons les mêmes valeurs que vous : basées sur le principe que notre corps nous appartient, nous souhaitons avoir la liberté d’arrêter le cours de notre vie quand celle-ci présente trop de souffrances.
Pouvoir bénéficier d’une aide active à mourir par suicide assisté ou euthanasie à notre demande, dans des conditions claires et précises, semble relever de la course d’obstacles en terrain glissant !
Dès qu’une perspective semble naître à l’horizon, des voix s’élèvent pour crier à l’abomination : « Vous voulez tuer les vieux », « Vous êtes des égoïstes et manquez de solidarité », « Ayant confiance en nous, soignants ! »…
En France, les praticiens des soins palliatifs assurent apporter toute satisfaction dans l’accompagnement de la fin de vie et interprètent toute demande d’euthanasie comme une souffrance non encore apaisée ou une solitude exagérée.
Quelques notables du savoir médical s’inquiètent de la perte possible d’un pouvoir décisionnel sur la vie de l’autre ! Ah, ces fameux droits du patient qui l’autoriseraient à intervenir sur le cours du traitement et ses modalités !
Sans oublier les représentants de différentes confessions qui considèrent que le corps des humains appartient à une instance supérieure. Un Etat laïque a-t-il à leur accorder autant d’écoute ?
Nous sommes heureux que les associations crématistes aient pu obtenir de grandes satisfactions en atteignant les buts que vous vous êtes fixés : possibilité de la crémation sur tout le territoire, nombre de crématoriums, sites cinéraires dans les cimetières, etc…
Les méandres de la version législative que nous souhaitons relèvent du parcours ubuesque qui feraient rire si des hommes et des femmes ne mouraient pas dans des conditions inadmissibles pendant ce temps.
Le candidat Hollande avait promis en 2012 une loi permettant de mourir dans la dignité.
D’un rapport Sicard en décembre 2012, à un avis du Comité Consultatif National d’Ethique en juin 2013, aux conclusions d’une convention citoyenne en décembre 2013, le tout pour accoucher d’une loi Claeys-Léonetti en février 2016 qui n’offre rien de satisfaisant pour les citoyens.
Pendant le premier mandat Macron, le pouvoir exécutif ne voulait rien faire. Quatre groupes parlementaires ayant déposé des propositions de loi sur la fin de vie ont travaillé ensemble pour ne proposer qu’un seul texte, débattu lors d’une niche parlementaire le 8 avril 2021. Les discussions pour le vote devant s’arrêter à minuit, face à plus de 3 000 amendements déposés par quelques députés « Les Républicains » seul le 1er article a été voté.
Pour son second mandat, le programme de M. Macron ne disait rien sur le sujet. Entre deux portes, au mois de mars en Charente, le candidat Macron évoquait la loi belge comme modèle possible.
Le 2 septembre, en remettant la Grand-Croix de la Légion d’Honneur à Line Renaud, il lui disait « votre combat nous oblige ».
Le 13 septembre le Comité Consultatif National d’Ethique rendait public son avis favorable à une aide active à mourir strictement encadrée.
Quelques jours plus tard est annoncé la mise en place, en décembre, d’une convention citoyenne pour 9 fois 3 jours de travail, conclusions rendues fin mars 2023.
Depuis 2004, année précédant la première loi Leonetti sur la fin de vie (avril 2005) chacun répète ses arguments.
Nous attendons et exigeons que nos représentants politiques aient le courage de prendre position en faveur d’une loi de liberté qui offre le choix à chacun de choisir sa fin de vie.
Les principes d’Egalité et de Fraternité de notre République ne consistent pas à obliger ceux qui en ont le désir et les moyens financiers à partir dans un pays voisin afin de bénéficier d’une législation plus humaine.
Notre combat sera plus intensif encore dans les semaines à venir, nous savons que nous pouvons compter sur votre soutien actif pour ces valeurs communes que nous défendons.
Que ces jours d’assemblée générale et de congrès permettent à votre Fédération de progresser, tant que faire se peut, dans les pratiques crématistes.
Merci pour votre accueil.
Alain Fievez
Délégué de l’ADMD pour l’Indre-et-Loire