Une vie à éteindre - Gilles D. Perez
L'auteur nous présente à travers ce roman la longue fin de vie de son père. Lors de l'enterrement, il se remémore cet homme avant sa maladie : un sexagénaire qui avait gardé « un physique d'athlète et une santé d'exception » vivant un bel automne profitant des plaisirs de la vie et des rencontres féminines.
Mais à 77 ans survient l'AVC et une lente détérioration qui le conduit d'une difficulté de se déplacer à la chaise roulante, au lit médicalisé et à l'état de vieillard grabataire mais conscient de sa déchéance. Commence alors les allers-retours avec l'hôpital, la pharmacopée avec les soins mais aussi les effets indésirables, le rituel des aides-soignantes...Durant cette longue année de déchéance, il est entouré de son fils qui lui rend visite tous les jours et de sa fille qui lui consacre ses week-end.
Révolte, sursaut, résignation, attente souhaitée de la mort puis le vide se succèdent dans cette longue attente de la fin.
Le roman noue le passé et le présent qui se chevauchent durant les longs moments passés auprès du malade. L'auteur se remémore les étapes de la vie de son père, son enfance, ses rapports avec son père, des flashs de la vie d'avant. Le présent : les visites quotidiennes à son père paraplégique, les rencontres avec les médecins, l'impuissance devant la souffrance et la déchéance de son père, la fatigue, les tâches à accomplir auprès du malade, sa vie est entre parenthèse.
Beaucoup d'émotion, de pudeur dans la peinture des sentiments qui contraste avec la crudité des propos dépeignant l'indignité de cette fin de vie, « C'est un homme qui porte des protections, qui passe des heures dans sa merde, qui ne bande plus. Il est paraplégique, grabataire et résigné à sa survie parce qu'il n'a aucune possibilité d'en finir. »
Un excellent roman de 160 pages qui décrit ce long chemin, cette détérioration physique, la souffrance morale qui conduit inéluctablement à la mort.
MA
Publié en septembre 2022
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