Le dernier soir - Thomas Misrachi
« Je lui avais dit que je serais présent, avec elle, le jour de sa mort. J’étais cet ami. »
L’ami c’est Thomas Misrachi, témoin des derniers instants de vie de Jacqueline Jencquel. Cet ami que l’État pourrait considérer comme « complice » d’un suicide, que l’État pourrait accuser de non-assistance à personne en danger.
Il a tenu sa promesse. Ne pas laisser Jacqueline seule le dernier soir.
Il a écouté en silence les aveux déchirants que cette femme avait enfouis dans son cœur et qu’elle a eu besoin de confesser avant d’éteindre sa lumière.
La peur l’a effleuré conscient de participer à un acte de désobéissance civile, mais il avait promis.
Vice-présidente de l’ADMD, résidente suisse (elle y avait son domicile), Jacqueline avait décidé, à titre personnel, de se former à l’accompagnement des personnes en fin de vie en Suisse.
Jacqueline qui fut militante pour le droit à l’IVG assurait qu’au-delà de son implication à l’ADMD, elle se battait aussi pour le droit à l’interruption volontaire de vieillesse. Car elle connaissait la ligne de conduite de l’ADMD : respecter la loi, mais la combattre jusqu’à ce qu’une loi de liberté de choix de fin de vie soit votée en France pour les personnes atteintes de maladie irréversible, accompagnée de douleurs réfractaires à tout traitement.
Elle est allée au bout de ses propres convictions.
Ce livre se lit d’un trait car la plume est belle et l’histoire est contée pudiquement.
Thomas Misrachi transcrit avec une grande fidélité des propos qui pourraient réellement être ceux de Jacqueline. Pour qui l’a connue, on l’entend parler, c’est même troublant.
CD
Publié en janvier 2024
Editions Grasset