Non Madame Buzyn, il ne suffit pas de vouloir mourir pour pouvoir le faire en Belgique
Après la loi belge, qu'on comprenne bien, avec la loi belge aujourd'hui n'importe qui en Belgique qui demande à mourir, qui le demande trois fois, peut accéder à l'euthanasie même s'il n'est pas malade, s'il n'a pas une pathologie incurable, s'il est simplement âgé, il décide de mourir à l'âge de 77 ans, il a le droit de mourir."
Ce sont les paroles de la ministre de la Santé de la République française, Agnès Buzyn, hématologue de formation ("Questions politiques", France Inter) .
Ignorance? Peut-être. En ce cas, je vous, Madame la Ministre l'inscription gratuite au cycle de formation EOL 2018-2019.
Ainsi, il vous sera permis de connaître non seulement la loi belge du 28 mai 2002 relative à l'euthanasie mais aussi celles concernant les soins palliatifs et les droits du patient. Elle apprendra donc que les conditions fondamentales pour que le médecin puisse poser cet acte d'humanité sont la demande volontaire, répétée, bien réfléchie, sans pression extérieure d'un patient faisant état de souffrances physiques ou psychiques inapaisables résultant d'une affection (médicale) grave et incurable.
Par conséquent, il n'est guère possible d'envisager l'euthanasie en dehors d'une cause médicale. Si la présence d'une affection médicale est la condition sine qua non, il ne s'agit pas – loin s'en faut - du seul critère à prendre en considération. Les souffrances – certes causées par une affection médicale - représentent en effet le facteur décisif par rapport à une demande d'euthanasie. C'est bien parce que le patient souffre qu'il en vient à demander à mettre fin à sa vie. Combien de fois ai-je entendu des amis qui étaient en demande d'euthanasie me dire qu'ils n'avaient pas envie de mourir mais qu'ils ne voulaient plus de cette vie qui, du fait de leurs souffrances, avait perdu tout sens. Pertes de dignité, d'autonomie, d'espoir sont souvent les mots qui reviennent pour qualifier leurs souffrances psychiques. Quant aux douleurs physiques, si la médecine a accompli des progrès incontestables en matière de traitement de la douleur, je reste frappée par les descriptions de celles-ci à l'occasion de l'examen des déclarations d'euthanasie adressées par les médecins à la Commission d'évaluation et de contrôle de la loi relative à l'euthanasie. Liste non exhaustive: cachexie, dyspnée, dysphagie, épuisement, hémorragies, obstruction digestive, paralysies, plaies, transfusions répétées.
Chère Madame Buzin, ce n'est pas en caricaturant vos voisins belges que vous parviendrez à museler le débat. On meurt mal en France, le CCNE et bien d'autres le reconnaissent. Vous ne proposez que deux solutions: les soins palliatifs ou les différentes variations des lois Leonetti avec comme point d'orgue ce qui est présenté comme un nouveau droit, la sédation terminale.
Comment expliquez-vous qu'en Belgique, pays non évolué, selon M. Leonetti, le réseau des soins palliatifs jouit d'une bonne réputation ?
Certes, il est toujours possible de faire mieux et je reconnais que nous devrions améliorer l'offre de soins palliatifs à domicile pour des enfants atteints de maladies incurables. Mais je doute que vous soyez à ce stade de réflexion en France. Déjà difficile d'obtenir des soins palliatifs pour des patients adultes en institutions hospitalières.
Et posez-vous la question: pour quelles raisons des patients français décident de s'exiler en Belgique pour accéder à l'euthanasie? Pour ce faire, ils devront affronter des voyages pénibles en raison de leur situation médicale, leurs proches ne pourront pas toujours les accompagner pour leur dernier voyage.
Amis Français, il fait bon vivre en Belgique. On y mange bien. Les amateurs de bière se trouvent devant des choix multiples, des bien connues trappistes aux bières locales savoureuses. Notre vie culturelle est riche, au nord comme au sud. Je vous souhaite donc de pouvoir profiter des beautés de mon pays, sans oublier notre sens de l'humour, de la Zwanze bruxelloise. Et non pas de devoir y venir soit pour la PMA (les bébés Thalys), soit encore pour votre dernier voyage pour obtenir que soit respecté votre désir de mettre fin d'une manière digne à votre vie vidée de son sens par les souffrances engendrées par une maladie grave et incurable.