Fin de vie : l'ADMD pour la Sarthe demande aux candidats à la Présidentielle de prendre position - France Bleu
"93 % des Français sont favorables à une évolution de la loi sur la fin de vie". Ce chiffre, Rémi marchand, membre de l'ADMD de la Sarthe, le tient d'un sondage IFOP d'avril 2021. "Ils sont favorables à une loi de libre choix, comme en Suisse et en Belgique". Deux pays qui pratiquent l'euthanasie pour les personnes atteintes de maladies incurables et insupportables. A condition que le patient le demande. Bref une loi très encadrée que les membres de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité aimeraient importer en France.
La loi Claeys-Léonetti
La France reconnait pourtant le droit aux malades de mourir dans la dignité. La loi Claeys -Leonetti qui date de 2016, réaffirme le droit du malade d'arrêter tout traitement et de bénéficier d'une sédation profonde et continue jusqu’au décès, lorsque le pronostic vital est engagé à court terme.
Pour être sur que son choix soit respecté, même s'il n'est plus en état de se faire comprendre, le patient peut écrire ses dernières volontés par le biais de directives anticipées. Une sorte de testament que l'on remet à une personne de confiance et qui oblige les médecins. Chacun d'entre nous, à condition d'être adulte, peut le faire. "Moi, j'ai 29 ans. Je crois que je suis en bonne santé. J'espère que je vais vivre le plus longtemps possible. J'ai rédigé mes directives anticipées et pour autant, ça ne veut pas dire qu'il va m'arriver quelque chose", explique Rémi Marchand. "Le fait de parler de cette question-là, au contraire, ça nous protège, notre famille, nos proches peuvent savoir ce qu'on souhaite. Sur ce document, on va simplement rédiger si jamais nous arrive un accident grave ou une maladie dont notre pronostic vital est remis en question".
Ne pas ajouter de la souffrance à la souffrance
Mais la Loi Claeys-Léonetti ne va pas assez loin selon l'ADMD, "parce qu'aujourd'hui, on ne peut pas estimer que le fait de demander l'arrêt des soins et des traitements soit une mort digne. La sédation profonde et continue consiste à arrêter tout soins, dont l’alimentation et l’hydratation. Et du coup le malade meure de faim et de soif".
Le décès peut arriver en quelques heures ou en 15 jours en fonction de l'âge ou de la résistance du malade. "C'est ajouter de la souffrance à la souffrance pour le malade et la famille". C'est pourquoi l'Association souhaite la légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté comme en Suisse ou en Belgique. "De façon encadrée et au libre choix de la personne. Il faut que le pronostic vital de la personne soit réellement remis en question. Il faut que ce soit la volonté du patient. D'où l'importance de pouvoir rédiger ses directives anticipées. Aujourd'hui, seul 1% des personnes qui meurent à l'hôpital ont rédigé leurs directives anticipées". Et éviter que des Français partent à l'étranger pour en finir.
On n'a jamais autant parlé de la mort. - Rémy Marchand, membre de l'ADMD de la Sarthe
Le débat sur la fin de vie et sa prise en charge a été relancé avec le Covid-19. " Depuis maintenant plus de deux ans, avec la crise sanitaire qu'on connaît, on n'a jamais autant parlé de la mort. Je ne suis pas convaincu qu'il y ait un tabou sur la question de la fin de vie. C'est encore ces mêmes lobbies qui sont mobilisés contre la PMA, qui sont mobilisés contre le mariage pour tous, contre toutes les avancées sociétales. Aujourd'hui, ce n'est pas une religion, c'est pas une minorité de personnes qui doit empêcher des droits nouveaux", estime Rémi Marchand. C'est pour cette raison que l'association souhaite interpeller les candidats à l'élection présidentielle : "Si c'est un engagement de campagne, il faut qu'il soit tenu. Que ce soit de la part du président de la République ou de parlementaires, nous, on en a un peu marre. On pense qu'il ne faut pas d'un côté dire qu'on est pour et pas être présent, notamment au moment de vote".
Sur son site internet, L'association a compilé les déclarations des principaux candidats sur la question de la fine de vie : "On peut voir les personnes qui s'y opposent comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour. Quant à Valérie Pécresse, elle estime que s'il y avait une réelle volonté des Français, elle serait pour un référendum". L'ADMD de la Sarthe organise une réunion publique, samedi à 15h à l'hôtel Ibis de la gare du Mans.