"Je souhaite témoigner pour faire comprendre que la fin de vie en France aujourd’hui n’est pas gérée de façon humaine."
Fin de vie de mon fils Charles Pigoreau
Mon fils, Charles, âgé de 26 ans, est entré dans une maison de santé du département des Hauts-de-Seine, en soins palliatifs, le 27 mai 2021. Il y est décédé le 3 juin 2021. Il souffrait d’une maladie grave du cerveau.
Il n’a pas été mis en sédation profonde et continue jusqu’à son décès, contrairement à ce qui m’avait été indiqué lors de son entrée. Les médecins ont changé de positionnement après sa prise en charge, sans m’en parler et sans mon autorisation.
Ils n’ont pas pris en compte le fait que j’étais la personne de confiance que mon fils avait désignée.
Ils n’ont pas non plus respecté ses directives anticipées qui stipulaient qu’il refusait l’acharnement thérapeutique, qu’il ne voulait pas être « un légume », que c’était moi, sa maman, qui prendrai la décision finale.
Il a souffert comme un martyr pendant huit jours puisque ni alimenté, ni hydraté, ni oxygéné du premier au dernier jour de son séjour dans cet établissement. Il souffrait musculairement, cérébralement (son cerveau était en destruction à cause d’une malformation artério veineuse cérébrale géante, d’une ventriculite, d’hydrocéphalie et d’une compression du tronc cérébral et de saignements) et s’étouffait plusieurs fois par jour et par nuit.
Il est ignoble de laisser un patient mourant dans cet état, sans sédation profonde et continue, puisqu‘il a gardé conscience jusqu’à son dernier souffle.
Je souhaite donc témoigner pour faire comprendre que la fin de vie en France aujourd’hui n’est pas gérée de façon humaine. La loi Claeys-Leonetti n’est pas appliquée comme elle le devrait.
Nathalie Pigoreau