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Fin de vie : Valérie Sugg, psychologue en soins palliatifs, milite pour le droit à l'euthanasie

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Publié le
22 octobre 2020
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Si j'ai adhéré à l'ADMD, c'est avant tout en tant qu'être humain libre, en tant que citoyenne, mais aussi en tant que psychologue en cancérologie et soins palliatifs depuis 20 ans.

Je suis choquée de voir qu'en vingt ans, les mentalités n'ont pratiquement pas évolué alors qu'au quotidien, en accompagnant des personnes en fin de vie, leur demande est claire et explicite. Qu'il s'agisse de Pierre, de Sophie, de Nadia, Angie, Mathieu, Sonia, Natacha, Fred, Fahrid, Wilfried... ; tous ont exprimé avec moi, comme avec d'autres soignants, le nécessaire respect que nous devons avoir tous de la façon dont ils souhaitent être accompagnés ou pas dans leur fin de vie. Il n'y a ni obligation, ni généralités mais bien au contraire une écoute à avoir, au cas par cas, parce que chacun va avancer vers le bout de son chemin avec ses croyances, son histoire de vie, sa philosophie de la vie et donc de sa fin de vie.

En vingt ans, j'ai assisté impuissante à beaucoup trop de fins de vies dans des souffrances terrifiantes, des agonies sans nom, et vu des êtres suppliants que le médecin mette un terme à ce calvaire, cette torture physique et psychologique. De ma propre expérience de psychologue et malgré parfois mon insistance auprès de certaines équipes médicales pour entendre et accompagner ceux qui le souhaitaient afin de mettre un terme, à leur demande, à cette impossible fin, ils n'ont que trop rarement été entendus. Ils ont donc souffert jusqu'à leur dernier souffle, dans leur corps mais aussi parce que cette agonie faisait aussi vivre l'impossible à leurs proches, parfois des enfants encore jeunes, parfois adultes, mais avec ce désespoir de s'infliger et d'infliger aux autres ce bout du bout de la vie avec les pauses respiratoires, les sensations d'étouffement, les douleurs fulgurantes, l'amaigrissement si douloureux, la perte même de l'image d'eux-mêmes.

Certains, au contraire, voulaient combattre la maladie jusqu'au bout, grappiller ces instants de vie précieux, lutter même dans la douleur, espérer repousser l'échéance, et eux sont plus souvent entendus, encouragés, valorisés. Comme si vouloir mettre un terme à cette fin de vie d'atrocités était un abandon du combat, comme si, ceux qui osent demander que le calvaire s'arrête n'étaient pas assez courageux.

Qui sommes-nous pour les juger ? Qui, et de quel droit ?

Si j'ai adhéré à l'ADMD c'est pour ce respect total de l'être humain, quel que soit son choix mais justement en respectant le fait qu'il puisse avoir le choix, un choix bien plus difficile que certains ne le pensent, bien plus courageux que certains prétendent mais peu importe, personne ne devrait avoir à se justifier de quitter la vie quand il juge le moment venu.

Valérie Sugg, humaine, citoyenne et psychologue en cancérologie et écrivain.

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