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Affaire Jean Mercier : "Ça a été tellement long que ça me semble presque irréel" - France Bleu

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Publié le
31 octobre 2017
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Il avait aidé sa femme à mourir en 2011, en lui donnant des cachets qu'elle lui demandait. En 2015, il avait été condamné puis relaxé un an plus tard. Fatigué par cette longue procédure judiciaire, il n'ira pas à Paris.

Jean Mercier, 89 ans, avait aidé sa femme malade à mourir en 2011, en lui donnant un verre d'eau et les médicaments qu'elle lui demandait. En 2015, il avait été condamné à un an de prison avec sursis, puis relaxé par la Cour d'appel de Lyon un an plus tard. Cour d'appel de Lyon qui a ensuite demandé le pourvoi en cassation. Le dossier arrive ce jeudi 2 novembre devant la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire française, qui vérifie que les juges ont bien fait leur travail pendant le procès et n'examine pas le contenu de l'affaire. C'est la première fois qu'un dossier portant sur l'aide au suicide est amené devant cette instance, alors l'affaire pourrait faire jurisprudence. Jean Mercier, fatigué, ne se rendra pas à Paris. Témoignage.

Comment vous sentez-vous, vis-à-vis de cette procédure judiciaire très longue ?

Disons que ça commence à me passer par dessus la tête. Je sens que je suis plus près de mourir qu’autre chose. Maintenant j’en arrive à ma fin de vie moi aussi, et j’aimerais bien que tout ça soit terminé, c’est sûr. Ça a été tellement long que ça me semble presque irréel. C’est presque de l’indifférence qui arrive au moment où on arrive au bout. Je le vis de plus en plus difficilement, parce que physiquement ça commence à être dur, mais disons que je fais tout mon maximum pour qu’il y ait le plus de retentissement possible avec cette affaire.

Vous avez décidez de ne pas vous rendre à Paris ce jeudi. C'est à cause de la fatigue physique, ou parce que moralement vous n'avez plus envie ?

Les deux. Si on me disait que me déplacer avait une utilité certaine, je ferais encore le déplacement, je me ferais emmener par quelqu’un. Mais il faut que ça serve à quelque chose parce que maintenant ça devient très difficile de me déplacer. Je suis amoindri, je ne peux pas discuter comme j'aimerais discuter ... Ça devient difficile, même plus que difficile. C’est un jugement, il y aura juste l’énoncé du jugement, il n'y aura pas de débat, il n’y aura rien. Je ne pense pas tout au moins.

A vrai dire, je n'en attends rien du tout. Maintenant, il n'y a qu'une chose qui compte : que les gens prennent conscience que c'est la moindre des choses de pouvoir mourir quand on en a envie." Jean Mercier.

Qu'attendez-vous de la Cour de cassation ?

Je ne sais pas juridiquement quelles sont les possibilités de la Cour de cassation, s’ils peuvent arrêter les poursuites … Il y a des termes du métier que je n’arrive pas bien à saisir, alors je sais pas ce que j’attends. A vrai dire, je n'en attends rien du tout, rien du tout. Maintenant, il n'y a qu’une chose qui compte : que les gens prennent conscience que c’est la moindre des choses de pouvoir mourir quand on en a envie. Je pense que c’est une liberté individuelle qui devrait être incontournable. C’est la loi qui n’est pas adaptée à notre temps. Ce n'est pas possible de voir des choses pareilles. Moi maintenant ça va être mon tour, et j’aimerais bien qu’on me laisse finir tranquille, à ma façon. Ça devient de plus en plus dur.

Le site de France Bleu

 

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