Projet de loi sur la fin de vie : « Robert Badinter aurait soutenu ce texte » sur l’aide à mourir, assure Elisabeth Badinter - Le Monde
« J’ai pu constater que la parole de mon mari était utilisée, pour ne pas dire instrumentalisée, par des opposants à toute évolution législative sur ce sujet », écrit la philosophe dans un courrier destiné au rapporteur du texte, Olivier Falorni.
Alors que démarrent lundi les travaux de la commission spéciale chargée de préparer l’examen en première lecture à l’Assemblée nationale, à compter du 27 mai, du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie, la philosophe Elisabeth Badinter a tenu à assurer, dans une lettre publiée dimanche 21 avril par La Tribune, que son mari, l’ancien garde des sceaux Robert Badinter, aurait voté le texte.
Dans cette missive adressée à Olivier Falorni, le député (MoDem et Indépendants) de la Charente-Maritime, désigné au poste de rapporteur général, Mme Badinter dément l’argument des opposants du texte, qui invoquent notamment une phrase de son défunt mari prononcée le 16 septembre 2008 devant une mission sur la fin de vie à l’Assemblée nationale : « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie. »
« J’ai pu constater que la parole de mon mari était utilisée, pour ne pas dire instrumentalisée, par des opposants à toute évolution législative sur ce sujet », écrit-elle, ajoutant : « Mon mari n’a jamais assimilé aide à mourir et peine de mort (…). S’il avait été parlementaire, Robert Badinter aurait soutenu ce texte. Prétendre le contraire serait une trahison de sa pensée et de sa mémoire. »
« La conviction qu’une évolution vers une aide active à mourir était acceptable »
A propos de cette déclaration faite par Robert Badinter en 2008, la philosophe insiste : « C’était en 2008, il y a maintenant seize ans. La caractéristique d’une pensée humaine, c’est de pouvoir s’interroger, c’est de vouloir cheminer, c’est de savoir évoluer. (…) Robert Badinter était de ces hommes qui refusaient de s’enfermer dans des certitudes, a fortiori sur une question aussi complexe et sensible que celle de la fin de vie. »
Et de poursuivre : « Il vous l’avait d’ailleurs personnellement dit [Mme Badinter s’adresse à M. Falorni] lorsqu’il vous avait reçu le 10 novembre 2021 (…). Il avait redit sa position en ma présence (…) en septembre 2023. Alors que le débat parlementaire sur la fin de vie est désormais lancé, je tiens à l’affirmer fortement. (…) Mon mari s’est forgé au fil des ans la conviction qu’une évolution vers une aide active à mourir était acceptable et même souhaitable dans certaines circonstances et selon des conditions précisément définies par la loi. »