Euthanasie : "Il faut donner les moyens législatifs à notre pays d'organiser pour tous une fin de vie digne..."
La question d'une fin de vie digne me taraude particulièrement depuis qu'une de mes amies a eu un cancer et qu'elle en est décédée (ainsi que des traitements...).
Ensuite, il y a eu la fin de vie (en Ehpad, les dernières semaines...) de ma grand-mère et, ces derniers jours, de ma tante de 89 ans. De cela, je ressors révoltée.
Révoltée, parce qu'elles ne méritaient pas ça. J'aimais ces deux femmes très dignes, qui ont tant donné aux autres et qui se sont battues toute leur vie pour leur dignité et celle des autres.
Je suis d'autant plus révoltée que ma tante, qui avait exprimé clairement qu'elle voulait mourir (tant qu'elle le pouvait encore, il y a quelques mois, alors qu'elle était encore chez elle), a été transfusée tout récemment lors d'un séjour à l'hôpital. Et alors même que ses filles avaient prévenu les soignants qu'elle avait laissé des directives anticipées. Chaque fois, les soignants disaient apprécier de le savoir, mais cela n'a pas empêché la transfusion, ni son retour en Ehpad au lieu d'un service de soins palliatifs.
Notre famille aura du mal à surmonter cela.
Quel est ce pays où on n'a pas le droit de mourir dignement et où on doit agoniser moralement, tant que le corps tient encore un peu ? Quel est ce pays qui impose au corps de se priver de manger et de boire pour qu'enfin il cède ? Quand on n'a plus que cette marge de manœuvre...
Un pays où on a le choix, le moment venu, entre décider d'en finir soi-même avant la dépendance, en imposant à ses proches la violence d'un geste impensé et la découverte de son corps, et agoniser avant de mourir... C'est inhumain !
Il faut donner les moyens législatifs à notre pays d'organiser pour tous une fin de vie digne, à l'hôpital ou en Ehpad, et prévoir des alternatives aux soins palliatifs pour ceux qui le souhaitent.
Nathalie ZERR