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Fin de vie : "Après une euthanasie, j'ai le sentiment d'avoir bien fait." - Dr Yves de Locht, médecin généraliste à Bruxelles

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Communiqué
17 octobre 2022
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Très étonné, souvent stupéfait et même parfois écœuré en lisant les propos du docteur Patrick Mongeard, médecin spécialiste en médecine physique et de réadaptation.

Mon confrère prétend avoir assisté et visionné depuis la Belgique à un acte d’euthanasie : je lui demande de m’envoyer « la vidéo de cette exécution » comme il le prétend. Je souhaite l’inviter à une euthanasie pratiquée en Belgique.

Reprenant une de vos phrases : « Jamais ça de la part d’un médecin normalement constitué… », je me permets de vous répondre en quelques lignes rapides.

Si vous avez le courage de me lire, auriez-vous l’amabilité de me dire si je suis normalement constitué ?

Après une euthanasie, je me pose encore souvent la question : ai-je bien fait ? Cette question revient insidieusement se glisser dans mon esprit après chaque
euthanasie.

Une fois que je suis loin de la chambre du malade qui vient de nous quitter, quand je me retrouve seul avec mes pensées et mes questions (mais sans aucune envie de vomir, comme vous dites...), je sais que je n’ai fait que répondre à la demande d’une femme ou d’un homme en très grande souffrance qui n’aspirait plus, qu’à une seule chose, mettre fin à son calvaire.

Donner la mort ne sera jamais un acte médical tout-à-fait comme un autre, mais j’assume parfaitement ce que je fais et pourquoi d’ailleurs devrais-je en avoir honte ?

Médecin, oserais-je dire à ces nombreux patients français atteints de maladies très graves sans aucun espoir de traitement ou de guérison : « Revenez l’année prochaine, vous n’avez pas encore assez souffert et vous pouvez encore vivre quelques années dans cet état-là ! » ? J’ajouterai qu’ils sont de plus en plus nombreux à venir nous voir, de très loin souvent, et parfois même en ambulance.

Les soins palliatifs sont très développés en Belgique, nous travaillons quotidiennement ensemble. Eux, comme nous médecins, nous ne pouvons pas tout faire.

Ces patients me disent souvent : « Docteur, que suis-je devenu, j’existe encore mais je ne vis plus, je suis grabataire etc… »

Médecin, mon patrimoine éthique et mon authentique fraternité m’engage à répondre à leur demande. Ils quittent mon cabinet soulagés et au moment de l’euthanasie, ils me disent merci.

Je me sentirai plus humain, j’aurai respecté, honoré et accompagné mon patient jusqu’au bout.

Les visages apaisés de ceux qui partent, les regards, tristes mais reconnaissants des proches soulagés que ce départ ait pu se faire dans les meilleures conditions, je n’en ai absolument pas honte.

Bien au contraire, ces sourires, ces remerciements sont pour moi la preuve que oui, j’ai bien fait.

Dr Yves de Locht

Médecin généraliste, Bruxelles

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