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Fin de vie : "Des malades ne souhaitent plus vivre dans ces conditions et n’ont pas de solution au sein de leur pays la France..."

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Publié le
5 novembre 2021
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Je m'appelle Mélanie, j’ai 37 ans, je témoigne aujourd'hui pour informer des difficultés des personnes françaises malades et condamnées. Elles sont destinées à rester dans de grandes souffrances, à être totalement dépendantes et à ne plus vivre dans la dignité.

Certaines de ces personnes ne souhaitent plus vivre dans ces conditions et n’ont pas de solution au sein de leur pays la France... C'est pour cela que mon père et moi-même avons accompagné ma maman âgée de 61 ans en Suisse pour un suicide assisté via l'association Dignitas, après 11 ans de maladie et de dégradation : elle était atteinte d'un syndrome cerebelleux.

Ma mère a d’abord été dans une longue errance médicale et a été traitée pour plusieurs maladies, avant qu’un professeur ne soit capable de la diagnostiquer. Mon père a été son aidant à leur domicile durant de longues années, cependant, je me suis décidée à contrecœur de placer ma maman de 60 ans en maison de retraite (pas d’autres possibilités, pas de service...) au vu de sa dépendance totale, l'inadaptation du domicile, des aides financières et humaines. Elle souffrait terriblement de douleurs neurologiques malgré les différents traitements qui augmentaient au fur et à mesure du temps.

Elle a souvent demandé à mourir durant toutes ces années, elle voulait en finir mais une tentative de suicide au sein de la maison de retraite a accéléré mon investissement concernant la création du dossier avec Dignitas pour ne pas qu'elle ait à refaire ce geste dans de telles conditions. J'avais entendu, j'avais accepté et j'allais l'aider.

C'est là que la bagarre administrative et financière entre en jeu. Trouver et obtenir des comptes rendus, des papiers : un casse-tête. On se heurte au système médical et administratif français. En parallèle, trouver cette grande somme d'argent : crédits, cagnottes, économies… tout y passe. Cette bataille menée, le départ a pu se faire.

Le souhait de ma mère - ne plus rester dans ce corps malade et de ne plus être totalement dépendante - a été écouté et entendu par un jeune médecin suisse ; nous avons été bien entourés là-bas. Ce qui a été difficile pour ma maman, c'est le départ loin, en Suisse, dans l'inconnu d'un autre pays, et dans la voiture de mon papa car une ambulance nous a été refusée : il nous fallait payer.

Ma maman est partie très paisiblement, une main dans la mienne, l'autre dans celle de mon papa, le 16 octobre 2020, entourée de mots d'amour. Elle nous manque mais j'aime à croire qu'elle ne souffre plus, qu'elle est libre de tous mouvements, d'envies et qu'elle respire la sérénité.

La France était un grand pays innovateur et en avance. Aujourd'hui elle est en retard, à la traîne et a de très grandes lacunes sur bien des thèmes.

Je souhaite de tout cœur que la loi de l'euthanasie et du suicide assisté puisse passer afin que celles et ceux qui le souhaitent, qui souffrent, puissent partir dans de bonnes conditions en toute dignité et près des leurs. Cependant, il faudra réformer tout le système de la santé en même temps qu'inclure cette loi car il faudra aux soignants un service, du matériel, du temps, et beaucoup d'humains et d’humanité afin de permettre une fin de vie paisible et sereine à ceux qui le souhaitent simplement.

Merci de m'avoir lue, je souhaite beaucoup de courage aux personnes malades et condamnées ainsi qu'à leurs aidants.

Mélanie, une fille, une mère et une infirmière 

 

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