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"La triste et douloureuse fin de vie de ma mère m’oblige envers mon prochain."

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Publié le
9 mars 2024
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Monique, femme dynamique et drôle, fut terrassée un matin d’août par un AVC massif qui lui laissa, à 62 ans, de profondes séquelle
irréversibles, une hémiplégie totale, une dépression, etc… Au début, elle lutta de toutes ses forces pour vivre, se remettre debout, puis, le peu de résultats qu’elle obtint la fit abandonner, et elle demanda la mort à de nombreuses reprises. Sans succès !

Elle développa alors une farouche haine pour les médecins urgentistes qui l’avaient sauvée, et cette haine fut plus forte que l’amour de sa famille. Elle multiplia alors les tentatives de suicide au cours des dernières années. Prise de médicaments et d’alcool, tentatives d’immolation sous son fauteuil  roulant, puis elle se précipita avec le même fauteuil roulant du haut des escaliers de la cave. À chaque fois, le SAMU la sauva de la mort. Elle finit par refuser de s’alimenter. Épuisée, Monique finit par s’éteindre comme une bougie, une nuit, dans son fauteuil roulant, après 12 ans de calvaire. Monique, c’était ma mère.

Cette triste et douloureuse fin de vie qu’a connue Maman m’oblige envers mon prochain. Très jeune, dans ma famille, on m’a enseigné l’engagement associatif, la solidarité, le don de soi. Au fil du temps, j’ai compris qu’une société se construisait sur l’entraide et le bénévolat, et que les grandes révolutions sociales triomphaient car elles émanaient directement du terrain vers la classe politique, et non l’inverse.

Aujourd’hui, seulement 50% des Français qui en nécessitent ont accès aux soins d’accompagnement ! Aujourd’hui, près de 9 Français sur 10 souhaitent une loi sur le suicide assisté et l’euthanasie ! Le président de la République en 2024, malgré de nombreuses annonces, n’a toujours pas fixé de calendrier. Quelle conclusion en tirer ? Pourquoi n’avons-nous pas la même offre de soins d’accompagnement et de fin de vie que les Belges, les Autrichiens, les Néerlandais, les Luxembourgeois, etc… Beaucoup d’états ont légiféré afin d’éviter des souffrances à ces patients qui le demandent.

Je suis très honorée d’être déléguée départementale de l’ADMD. Cela me permet de lutter en commun pour obtenir cette avancée sociale qui nous fait tant défaut en France. Je reste toutefois lucide. Il nous reste du pain sur la planche avant que demain cette loi de liberté soit votée et appliquée, avant que tous les Français disposent de soins d’accompagnement dignes de ce nom et que les souffrances de la fin de vie s’amenuisent.

Véronique Mathieu
Déléguée de l'ADMD pour les Vosges

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