Suicide assisté : "Nous avons accompagné notre fille, atteinte d'un glioblastome cérébelleux, en Suisse..."
J'ai décidé d'adhérer à l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité le 3 juillet 2022 suite à un événement familial. Notre fille, Salomé Rauxet, a été atteinte d'un glioblastome cérébelleux grade IV en août 2019. Elle a bénéficié d'un protocole de STUPP, puis 12 cures de chimiothérapies. Malheureusement, en octobre 2021, l'IRM a fait état de nouvelles modulations disséminées. Une nouvelle ligne de chimiothérapie a débuté. Des symptômes supplémentaires sont apparus avec notamment une diplopie permanente très gênante à la marche et au quotidien, sans compter les autres effets permanents de ses tumeurs cérébrales. Notre fille a fait preuve d'un courage exemplaire. Étant infirmière, elle connaissait depuis le début la gravité de sa maladie et la fin inexorable.
Elle a fait le choix courageux de rester maître de son destin. Elle a souhaité mettre un terme à sa vie qui pour elle n'avait plus de sens, et ce après 3 ans de souffrances. A 30 ans, la vie ce n'est pas d'attendre que la journée passe.
En France, on ne pouvait que la rassurer avec des soins palliatifs, ce qui ne lui correspondait pas. Son chemin était autre. Salomé s'est renseignée sur la mort volontaire assistée et elle a choisi la Suisse. Nous n'habitons qu'à 40 km de la frontière, mais en France ce n'est pas légal. Nous l'avons accompagnée ce 14 juillet pour son grand voyage.
Pour Salomé, cette décision lui a apporté un apaisement qu'elle n'avait pas auparavant. Nous pouvons témoigner que son départ fait suite un long cheminement personnel et qu'elle a trouvé de l'écoute, de la compassion dans cette association. Nous avons accompagné notre fille comme elle le désirait, c'est-à-dire quand elle l'a voulu, sereinement, paisiblement. Il est urgent de légiférer en France sur le droit à mourir dans la dignité et de légaliser le suicide assisté. Pourquoi infliger ce parcours aux malades alors qu'ils pourraient partir paisiblement à domicile ?
J'ai donc décidé d'adhérer à l'ADMD.
Pour Salomé, je me dois de revendiquer ce droit.
Christine Rauxet