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Fin de vie : la loi Leonetti, la meilleure loi du monde ? Vraiment ?

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Publié le
25 mai 2021
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Jean Leonetti et les thuriféraires de la loi du 2 février 2016 proclament urbi et orbi que la loi française en matière de fin de vie est la meilleure du monde. Et ceci, depuis la première des trois lois Leonetti, c’est-à-dire depuis 2005. Ce fut même un argument pour contrer la proposition de loi d’Olivier Falorni donnant le droit à une fin de vie libre et choisie, lors des débats à l’Assemblée nationale le 8 avril 2021.

La première raison est que cette loi serait une loi d’équilibre, entre acharnement thérapeutique et aide active à mourir. Jean Leonetti lui-même a indiqué, dans une envolée lyrique, que sa loi donnait « le droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ». Le caractère mielleux de cette assertion ignore forcément que la sédation en fin de vie est tout sauf un endormissement, paisible et réparateur. Le paternalisme médical que montre cette déclaration prouve que le monsieur fin de vie de notre République fait peu de cas de la démocratie sanitaire.

La deuxième raison est que cette loi serait une loi qui répond à toutes les situations de fin de vie, quand l’absence de loi crée des souffrances et l’aide active à mourir créerait des dérives. Pourtant, nous l’avons vu, cette loi n’apporte aucun soulagement aux malades atteints de la maladie d’Alzheimer, de sclérose latérale amyotrophique ou de la maladie de Parkinson. Quant aux autres malades, ils doivent attendre d’avoir un pronostic vital engagé à court terme, c’est-à-dire sous quelques heures, voire quelques jours, pour qu’une sédation avec dénutrition et déshydratation, dans l’attente de la survenance d’une insuffisance rénale sévère, leur soit proposée.

Soyons pragmatiques. Trois lois Leonetti se sont succédées : 2005, 2010 et 2016. Toutes ont comme point commun de créer une exception française, au nom de notre génie universel… Une loi qui serait donc la meilleure du monde

Et pourtant…

Pourtant, depuis 2005 (1ère loi Leonetti), le Luxembourg (2009), l’Espagne (2021) et le Portugal (2021) ont voté des lois de fin de vie sans jamais s’inspirer de la loi française ; notre loi a même servi, lors de certains débats, pour montrer les erreurs à ne pas commettre. En Italie (2019), en Allemagne (2020) et en Autriche (2020), les cours constitutionnelles ont ordonné aux parlements nationaux de légaliser l’aide active à mourir. En Irlande et en Ecosse, les parlements se sont saisis de l’aide active à mourir. En 2017 (Victoria), en 2019 (Australie Occidentale) et en 2021 (Tasmanie), trois états d’Australie ont légalisé l’aide active à mourir. Le Québec (en 2014) puis l’ensemble du Canada (en 2016) ont également légalisé l’aide active à mourir. Tout comme la Colombie (2015), la Nouvelle-Zélande (2020) et le Chili (2021). Aux Etats-Unis, depuis 2005, neuf états ainsi que Washington DC ont aussi légalisé l’aide active à mourir. Pas un pays au monde, pas un seul, n’a mis en œuvre une loi d’inspiration française, pour « faire dormir avant de mourir ».

Enfin, notons que nombre de nos compatriotes s’exilent chaque année, notamment en Suisse et en Belgique, pour bénéficier de conditions humaines et dignes de fin de vie. Jamais, pas une seule fois, nous n’avons eu à connaître le cas de citoyens étrangers venus mourir en France, dans le cadre de la loi Leonetti.
Si la loi française devait être effectivement la meilleure du monde, force est de constater que le monde entier semble l’ignorer…

PhL

(Pour aller plus loin, lire l'article de Béatrice Dillies paru dans La Dépêche du Midi du lundi 4 avril 2022.)

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