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"Médecin généraliste, j’ai pu observer l’acharnement thérapeutique, hospitalier notamment ou en EHPAD."

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Communiqué
5 février 2024
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Les mois et même les années passent sans que l’on voie poindre le moindre embryon de loi concernant le suicide assisté dans notre douce France. Une chose perdure, l’inefficacité de nos politiques qui fait craindre que l’hypothétique future loi n’apportera qu’une solution très partielle et particulièrement éprouvante pour les malades en fin de vie qui ne subiront qu’un acharnement thérapeutique en soins dits palliatifs, et n’auront pas la possibilité de « s’endormir » chez eux.

Médecin généraliste libéral durant 40 années, j’ai pu observer l’acharnement thérapeutique, hospitalier notamment ou en EHPAD.
J’ai moi-même assisté des patients « chez eux » notamment des SLA, affection neurodégénérative particulièrement pénible, cancer prostatique métastasé au rachis, autres cancers notamment pancréas.
Assister des patients en fin de vie est psychologiquement très lourd pour le médecin, et le nom des patients que vous avez assistés en fin de vie reste définitivement gravé dans votre mémoire car nous sommes effectivement formés et destinés à soigner et soulager, mais notre devoir est aussi de soulager psychologiquement et physiquement jusqu’au terminus.
Malheureusement le projet d’aide à l’euthanasie est à des années lumières de ces fins de vie intimistes et humaines.

Grace à nos énarques et autres ARS , on ne voit poindre à l’horizon que l'hospitalocentrisme excessif avec ses services de soins palliatifs, avec à la clef des délais de rendez-vous innommables avec le médecin anesthésiste débordé, après – au train où vont les choses – passage préalable devant une infirmière anesthésiste, voire passage devant une commission (comme les cartes d’invalidité), après nouveaux contrôles biologiques, nouveaux scanners ou IRM aux délais de rendez-vous non moins innommables, pour en fin de compte s’entendre dire qu’il n’y a pas de lit disponible, après passage de 48 heures aux urgences dans un box faute de lit disponible en soins palliatifs ou non, et réorientation vers un hôpital  périphérique.

Les procédures helvétique ou belge ont de l’avenir devant elles et le patient français aura largement le temps de souffrir avec notre système de soins, à moins de se rendre chez nos voisins ; mais dans ce cas l’escarcelle doit être bien remplie.

En conclusion, je conseille à l’ADMD de soigneusement conserver ses adresses à l’étranger.

Jean-Marie DAMM, médecin retraité

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